Les énergies renouvelables pourraient également avoir un effet très positif sur la santé publique, révèle une récente étude allemande.
Longtemps sous-estimée, la pollution de l’air a coût humain sans cesse croissant. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 4,2 millions de personnes meurent prématurément chaque année du fait de la pollution de l’air. Un chiffre qui pourrait bien passer à 6 millions en 2050 si rien n’est fait pour rationaliser notre recours aux énergies fossiles, qui en plus de produire du dioxyde de carbone lors de la combustion, génèrent des particules nocives pour la santé humaine.
D’un point de vue global, les émissions de la plupart des polluants suivis par l’Agence européenne de l’environnement (AEE) ont diminué par rapport à leurs niveaux de 2000. CE progrès a été réalisé grâce à la directive Qualité de l’air ambiant (2008) définit notamment des plafonds d’exposition à une quinzaine de polluants atmosphériques. Mais les standards recommandés par l’OMS sont plus exigeants que ceux de l’Union européenne, et nombreux sont ceux qui jugent les efforts des états membres insuffisants.
Une dizaine d’états membres ont récemment été épinglés pour leurs dépassements réguliers des limites d’émissions de polluants. Des procédures ont été ouvertes le 30 janvier 2018, en marge d’un sommet sur la qualité de l’air qui se tenait à Bruxelles. Parmi les mauvais élèves, on trouve l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, la Hongrie et la Roumanie, qui font l’objet d’une procédure devant la Cour de justice de l’UE pour non-respect de la législation européenne.
Une étude publiée mardi 19 novembre dernier publiée dans la revue Nature Communications est toutefois porteuse d’espoir. Il serait possible de réduire jusqu’à 80% les impacts de la pollution de l’air sur la santé humaine d’ici 2050. Pour y parvenir, le Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK), situé en Allemagne, met en avant une solution est simple : augmenter la part d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique.
Pour réaliser ces travaux, les chercheurs allemands ont étudié trois scénarios de décarbonation du secteur énergétique d’ici le milieu du siècle. Ils ont découvert qu’un scénario dans lequel la majorité de l’énergie est produite par le solaire et l’éolien aurait des conséquences rapides et drastiques sur la pollution de notre air. « Le principal gagnant de la décarbonation est la santé », s’enthousiasme ainsi l’auteur principal de l’étude, Gunnar Luderer.
Pour comparer ces différents scénarios, les chercheurs ont mis tous les paramètres environnementaux dans la balance, « de la pollution atmosphérique aux substances toxiques, en passant par les ressources en minéraux rares nécessaires à la fabrication d’éoliennes, ou les terres transformées en plantations de bioénergie », note Anders Arvesen de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU), co-auteur de l’étude.
Cette transition ne sera toutefois pas sans son lot d’efforts. « Nous devons être conscients que cette transition nous fera passer d’une base de ressources fossiles à une industrie énergétique qui utilise davantage de ressources en terres et en minéraux. Il faudra faire les bons choix pour limiter l’impact de ces nouveaux besoins sur d’autres objectifs sociétaux, tels que la protection de la nature, la sécurité alimentaire ou même la géopolitique », précise Gunnar Luderer.