Une étude réalisée en Italie a mis en doute la capacité – et volonté – des entreprises agroalimentaires européennes à réduire les niveaux d’acrylamide – un cancérogène – dans leurs produits de sorte à se conformer aux normes de l’Union.
Avez-vous déjà entendu parler d’acrylamide ? Il s’agit d’un agent cancérogène assez obscur que l’on trouve dans tous types d’aliments, allant des chips au café. Il apparait lorsqu’un produit riche en amidon est chauffé à plus de 120°. Des études cliniques ont établi que l’acrylamide causait des cancers chez les animaux – et des inquiétudes sérieuses existent également pour l’être humain. En réaction à ces derniers, l’UE a décidé d’engager une réduction des niveaux du composé organique dans les produits présents sur son territoire – une décision applaudie à la fois par les associations de consommateurs et l’agro-industrie.
Cette réduction concerne surtout des produits comme les biscuits sucrés et salés, les barres céréales, les pâtisseries, le pain d’épice, les biscottes, mais aussi des aliments non-boulangers comme les chips, les frites, les céréales et le café. Il n’est pas possible d’éliminer l’acrylamide une fois qu’elle s’est formée, mais il est possible de prendre des précautions lors de la préparation de ces différents produits afin de s’assurer que les niveaux de l’agent restent aussi bas que faire se peut.
La nouvelle règlementation européenne, qui entre en vigueur en avril prochain, imposera un certain nombre de gages aux producteurs alimentaires :
- Ils seront instruits quant aux dangers de l’acrylamide et les facteurs favorisant son apparition ;
- Ils devront baisser les niveaux d’acrylamide dans leurs produits en adoptant de nouvelles mesures sanitaires ;
- Ils devront mesurer les niveaux d’acrylamide dans leurs produits afin de prouver une amélioration ;
- Ils devront garder des traces des différentes mesures prises pour faire baisser es niveaux d’acrylamide, ainsi que de leur efficacité.
Ce règlement, adopté en septembre dernier par les Ministres de la santé des états membres et la Commission (Commission Regulation EU 2017/2158), fixe une limite de 750mg d’acrylamide par kilo. Une étude par la revue de consommateurs italienne il Salvagente a cependant récemment démontré que les niveaux trouvés dans des échantillons de frites prélevées pas le pays étaient largement supérieurs à cette limite. Même constat pour la Food Standards Agency britannique et la Food Standards Scotland début décembre dernier.
En l’état, le système mis en place par l’UE ne prévoit pas de sanction en cas de dépassement du seuil de 750mg. « Si d’ici janvier, les produits alimentaires européens contiennent toujours plus de 1600 microgrammes d’acrylamide (par kilogramme), il sera acté que le système ne marche pas », mettait en garde l’ancienne secrétaire générale de Safe Food Advocacy Europe, Floriana Cimmarusti. « L’industrie est très vigilante lorsqu’ils encourent des sanctions », ajoutait-elle. Réagissant à l’efficacité limitée du système actuel, la Commission a annoncé vouloir « lancer des discussions » sur une système coercitif une fois le système actuel mis en place.
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