Le référendum sur l’IVG en Irlande a vu le « Oui » l’emporter largement, avec deux tiers des voix en faveur de l’abrogation de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement.
L’Irlande serait-elle en pleine révolution culturelle ? C’est en tout cas la réaction du Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, qui a parlé d’une « révolution tranquille », qui a vu l’Irlande voter contre les restrictions très sévères entourant l’interruption volontaire de grossesse deux ans après la légalisation du mariage entre personnes de même sexe. Ce « oui » massif à plus de 66%, selon les résultats définitifs du référendum organisé le vendredi 25 mai, devrait faire l’objet d’une nouvelle législation, promulguée « avant la fin de cette année ».
La consultation posait précisément la question de l’abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdit l’avortement au nom du droit à la vie de « l’enfant à naître (…) égal à celui de la mère ». De fait, une exception permettait une exception lorsque la vie de la mère est menacée en rection au décès tragique de septicémie d’une femme enceinte. Après sa fausse couche, Savita Halappanavar s’était vu interdire d’avorter au motif que le cœur de son fœtus battait encore – l’affaire avait poussé le Health Service Executive à appeler à une réforme du 8e amendement.
Ce vote positif a donc permis d’élargir le cadre de l’avortement. Il sera désormais légal pendant les 12 premières semaines de grossesse, et jusqu’à 24 semaines pour raisons de santé. Jusqu’en 2015, un avortement vous faisait risquer la prison à vie. L’Archevêque de Dublin a d’ailleurs reconnu que l’Église avait manqué de compassion en soutenant un refus intraitable de l’IVG. Sous influence de l’’Église, l’Irlande du Nord et Malte sont désormais les deux derniers états membres à encore interdire l’IVG, hors « risque permanent ou sérieux pour sa santé mentale ou physique » de la mère. Et là encore, la donne pourrait bientôt changer.
A l’annonce des résultats, les appels se sont en effet multipliés à l’adresse de Theresa May pour qu’elle prenne l’initiative de modifier la loi très restrictive en vigueur en Irlande du Nord. Quelque 160 députés ont signé cet appel, qui met la dirigeante britannique dans une position délicate, la plaçant, si elle l’acceptait en porte-à-faux avec son allié et acteur clé de la majorité, le Parti démocratique unioniste nord-irlandais (DUP), très conservateur. Des centaines femmes se sont d’ailleurs réunies lundi soir à Belfast pour réclamer une libéralisation du droit à l’IVG.