Une étude de dix ans, menée au laboratoire « Mécanismes adaptatifs et évolutifs » à Brunoy, (Essonne) montre qu’une restriction calorique augmente fortement la longévité pour le microcèbe.
Publiée ce jeudi 5 avril dans la revue scientifique Communications Biology, une étude marathon de dix ans a confirmé le lien entre une alimentation modérée et la longévité. Menée conjointement par des scientifiques du CNRS (Centre nationale de la recherche scientifique) et du Muséum d’histoire naturelle cette étude s’est penchée sur deux groupes de microcèbes, le plus petit des lémuriens – et un lointain cousin de l’homme. Un groupe a été assujetti à une restriction calorique chronique modérée (30% de calories en moins que leurs congénères sous ration alimentaire normale) depuis l’âge adulte et pendant toute leur vie.
« Une restriction calorique chronique de 30 % reste de l’ordre de l’acceptable pour ces animaux », explique l’étude. « Les animaux ne souffrent pas, ni ne baissent leurs activités dans la journée. Leur métabolisme s’adapte. » En outre, cette diète forcée a eu un effet positif sur l’espérance de vie des microcèbes. L’étude a en effet observé un vieillissement retardé (ils présentaient les caractéristiques de congénères plus jeunes) et une espérance de vie augmentée de près de 50 % chez les lémuriens qui suivaient un régime plus strict.
Plus précisément, la survie de médiane était de 6,4 ans pour les lémuriens contrôles (50 % du groupe a vécu moins de 6,4 ans) contre 9,6 ans pour les lémuriens nourris avec 30 % de calories en moins, « ce qui est un âge très important pour cette espèce ». Ce résultat confirme les observations faites chez des animaux à vie courte (ver, mouche, souris). « Dès les années 1930, un scientifique avait fait des études sur des souris, et à l’époque, il avait montré qu’en réduisant la ration alimentaire sur des souris, elles vivaient plus longtemps », explique Fabienne Aujard, chercheuse au CNRS. Il s’agit cependant d’une première pour un animal qui partage avec nous de nombreuses caractéristiques physiologiques.
« On est arrivé à la fin de l’étude où tous les animaux-contrôles sont morts de leur belle mort, de vieillesse. Les animaux-restreints sont restés avec un état de jeunesse bien plus longtemps et ils ont vécu plus longtemps que les animaux contrôles » nous détaille la biologiste. Mais attention à ne pas s’emballer pour autant. La chercheuse reste prudente : « Il y a tellement de facteurs qu’on ne maîtrise pas encore et ce n’est pas le but. En revanche, il nous faut désormais comprendre ce qui se passe physiologiquement en situation de restriction calorique chronique et voir en quoi cela permet de retarder le vieillissement et d’allonger la durée maximale de vie. »