L’organisation mondiale de la santé (OMS), pourrait approuver en procédure d’urgence un nouveau vaccin contre la poliomyélite. Cette décision pourrait intervenir d’ici la fin de l’année 2020. Elle constituerait la première approbation en procédure d’urgence par l’organisation internationale. Cette mesure intervient alors que le monde est confronté à une résurgence de la poliomyélite dans une vingtaine de pays à travers la planète.
Il aura fallu 32 ans et une campagne de 17 milliards de $ pour mettre un éradiquer la poliomyélite dans le monde. Si officiellement deux pays (Afghanistan et Pakistan) présentaient encore des cas de la maladie, cette situation vient de changer. En effet, le poliovirus utilisé dans la vaccination contre la maladie a muté. La nouvelle souche baptisée cVDPV (circulating vaccine-derived poliovirus) a déjà infecté 460 personnes en 2020, soit quatre fois plus que l’an dernier. La Côte d’Ivoire est le pays le plus touché.
La résurgence de la maladie inquiète les experts, car, indique Kathleen O’Reilly, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine “des millions de personnes sont potentiellement dépourvu d’immunité face à cette souche dérivée du poliovirus du vaccin. C’est ce qui est inquiétant”.
Néanmoins, cette mutation du poliovirus est bien connue et depuis une dizaine d’années, les scientifiques travaillent à concevoir un vaccin destiné à protéger spécifiquement contre cette variété mutante. Aujourd’hui, le vaccin a passé plusieurs essais, mais n’a pas encore été breveté car, il doit encore passer par d’autres essais. Cependant, l’OMS envisage d’accélérer son lancement par le biais du listage d’urgence (emergency listing). Cette procédure, créée durant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest en 2014, n’avait jamais encore été utilisée. Les analystes observent la situation avec attention, car les vaccins contre le coronavirus pourraient également passer par cette procédure.
Alejandro Cravioto, qui préside le groupe de conseil stratégique des experts de l’immunisation de l’OMS a déclaré à la revue Nature “Ce sera un bon exercice pour voir comment ça marche en réalité. C’est important car, certains vaccins contre le Covid-19 connaîtront la même procédure d’approbation”.
En cas d’approbation par l’OMS, les vaccins pourraient être disponibles dans des pays retenus pour une première diffusion, au bout de deux mois.