
Un rapport de l’ONG Générations futures révèle que six résidus de pesticides sur dix trouvés dans des produits de consommation en Europe seraient des perturbateurs endocriniens. Une mise en garde qui ne fait toutefois pas l’unanimité.
L’association de défense de l’environnement, Générations futures (GF), a sorti ce mardi 4 septembre un rapport consacré aux perturbateurs endocriniens dans l’alimentation des Européens. Pour ce faire, l’ONG s’est basée sur le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) sur les résidus de pesticides dans les aliments. Ce dernier concluait que 96% des échantillons analysés se trouvaient dans les limites légales et que 51% étaient exempts de tout résidu quantifiable. Mais qu’en est-il des 49% restant, demande GF ?
Sur 109.843 échantillons concernés, 69.433 sont des résidus de pesticides perturbateurs endocriniens (PE) – des composantes suspectées de modifier le fonctionnement du système hormonal. Ils sont notamment soupçonnés de favoriser l’obésité, le diabète, ou encore la puberté précoce. Pour l’ONG, il s’agit de « l’une des voies d’exposition les plus importantes pour les non-utilisateurs de pesticides : l’alimentation ». « Ce total représente plus de six sur dix ! », dénonce Générations futures.
« La contamination alimentaire par les pesticides est donc très largement une voie de contamination par les perturbateurs endocriniens » note l’association. Elle déplore toutefois que « le niveau de preuve demandé pour considérer un pesticide comme PE soit extrêmement élevé » et pointe du doigt des critères de classification qui excluent de fait certains produits chimiques. Il faut en effet démontrer qu’une substance est un perturbateur endocrinien qui engendre des effets négatifs, mais aussi démontrer son mode d’action.
A noter, toutefois qu’une partie de la communauté scientifique ne soutient pas les conclusions présentées dans ce rapport, et les qualifie d’informations militantes. Ils rappellent en effet que les pesticides perturbateurs endocriniens avérés sont interdits et dénoncent un exemple de Facebook-science. Pour plus d’informations sur le débat entourant la question des perturbateurs endocriniens, nous vous invitons à suivre ces liens, qui contredisent le rapport de Générations futures :
Ainsi que l’analyse très complète d’Agnes Wold, professeure en Bactériologe de l’Université de Gothenburg (Suède) disponible en ligne en Anglais (There is no evidence that ‘endotrine disrupting chemicals’ affect our health).
En 2014, la France, pionnière en la matière, adoptait une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE), visant à limiter les possibilités d’exposition. Mais les retombées de cette initiative ont été jugées plutôt maigres. « Les moyens ne sont pas à la hauteur des enjeux et des coûts pour la santé », concluait, en février dernier, un rapport émanant de plusieurs agences gouvernementales – preuve, s’il en fallait, de la complexité du sujet.