L’usine Sanofi de Mourenx, fermée depuis lundi 9 juillet dernier, aurait été perquisitionnée dans le courant de la semaine dernière, soit avant les révélations de Médiapart et de France info sur les rejets toxiques qu’elle produisait. Fort des données alors collectées, l’Anses vient de juger que le seuil de toxicité référence du valproate doit être revu à la baisse.
Les gendarmes de la section de recherches de Pau ont perquisitionné sur demande du parquet, le laboratoire du groupe Sanofi situé sur son site d’Aramon dans le Gard. Il s’agissait alors d’une perquisition avec « consentement », qui aurait pu être refusée par le groupe. Elle a permis de recueillir des éléments sur la dangerosité du valproate, un des composés rejetés par l’usine voisine à des taux 7.000 fois supérieurs aux normes autorisées.
Pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a étudié le composé chimique, il n’existe pas, jusqu’à preuve du contraire, de niveau minimum d’exposition sans risque. « La valeur toxique de référence fondée sur la dose posologique minimale doit être revue au regard des nouvelles études publiées et des effets observés », car « des effets neurodéveloppementaux et néfastes sur la reproduction pourraient apparaître à des doses plus faibles que celles induisant des malformations congénitales » explique l’agence.
Cet avis, rendu jeudi 12 juillet au gouvernement et auquel estime que la valeur toxique de référence du produit doit ainsi être revue à la baisse. « Il n’est, aujourd’hui, pas possible d’écarter des effets neurodéveloppementaux et néfastes sur la reproduction chez les enfants » insiste l’agence. Le 13 juillet, le parquet de Pau s’est dessaisi de l’enquête au profit du pôle de santé publique du parquet du tribunal de grande instance de Paris.
C’est donc cette institution qui traitera la plainte déposée par l’Association des riverains des sites industriels du bassin de Lacq pour « mise en danger d’autrui » et « administration de substances nuisibles ». Dans sa plainte, l’avocat Maître Jean-François Blanco dénonce « un niveau d’irresponsabilité sidérant » pour une société dont « la seule priorité » est « sa production, quitte à sacrifier la santé des habitants. »
Les avis de l’Anses « vont permettre de poursuivre le dialogue technique entre nos experts et les services concernés, afin de compléter lorsque nécessaire le plan d’action proposé par Sanofi Chimie dans les meilleurs délais », a réagi le groupe vendredi 13 juillet.