
La Commission européenne soupçonne des constructeurs automobiles européens d’avoir mis en place un système de contournement des normes d’émissions pour faciliter, dans les années qui viennent, la mise en conformité avec la norme WLTP.
L’ICCT (Conseil international pour des transports propres) a-t-elle mis à jour une nouvelle manipulation des émissions automobiles en Europe ? « Des preuves émergent que les valeurs (d’émissions polluantes) déclarées officiellement par les constructeurs ont pu être gonflées », note la Commission européenne dans un document de recherche coréalisé avec l’ONG à l’origine des révélations sur le « dieselgate ». Les commissaires chargés respectivement du climat et de l’énergie (Miguel Canete) et de l’industrie (Elzbieta Bienkowska) révèlent que certains constructeurs ont pu volontairement augmenter les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de leurs flottes afin de satisfaire aux futures normes.
« L’examen de 114 jeux de mesures montre un gonflement moyen de 4,5 % [du volume de CO2 émis] des émissions déclarées par rapport aux émissions réelles », soulignent-ils. Une manœuvre qui fait un sinistre écho au scandale du « dieselgate » révélé en 2015. La marque allemande Volkswagen avait en effet modifié les capteurs installés sur ses moteurs afin de minorer les rejets d’oxyde d’azote (NO2). Cette fois, les constructeurs auraient artificiellement fait monter leurs émissions de CO2 afin de contourner les objectifs de réduction des émissions de CO2 de l’Union européenne ; 30 % d’ici à 2030, et 15 % en 2025. Ces objectifs seront calculés par rapport aux niveaux d’émissions déclarés par les fabricants en 2020. Ainsi, plus le niveau d’émission déclaré sera élevé, moins l’effort de réduction à suivre sera important.
Ce type de manipulation n’est pas sans conséquence sur la santé publique. Les voitures contribuent de manière non négligeable à la pollution atmosphérique. Les gaz d’échappement sont en effet dangereux pour notre santé mais également pour notre planète – aggravant notamment l’effet de serre. Ainsi, le transport routier est responsable de jusqu’à 26 % des émissions globale des pays développés (l’agence internationale de l’énergie 2007). De plus, des taux élevés de polluants tels que le NO2, l’ozone et les micro-particules PM-10 ont été « significativement » corrélée à une surmortalité par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale
Des chercheurs des Université britanniques d’Oxford et de Bath ont établi qu’au Royaume Uni, la pollution de l’air est à l’origine de 40 000 morts prématurées chaque année et provoque des troubles de la santé chez des centaines de milliers personnes. Des derniers ont également établi qu’environ 25% du dépenses de santé publique engendrées par la pollution de l’air (5,9 milliards de livres) et 10 000 morts prématurées sont imputables aux gaz toxiques émis par les quelque 34,7 millions de véhicules en circulation de l’autre côté de la manche. A titre comparatif, le tabac tue chaque année 98 000 personnes au Royaume Uni.