L’association britannique Association of Medical Research Charities met en garde contre le risque pour les patients britanniques d’un retard d’accès à de traitements potentiellement vitaux après le Brexit. Elle appelle à ne pas rompre avec les normes réglementaires de l’UE.
Il est impossible de savoir ce qui va réellement se passer lorsque le Royaume-Uni (RU) aura effectivement quitté l’UE. Cependant, une partie de la communauté scientifique a mis en garde contre de potentiels effets adverses du Brexit. Ce dernier était d’abord source d’optimisme : un livre blanc récemment publié par l’Ethical Medicines Industry Group se félicitait de nouvelles opportunités de recherche au-delà des restrictions européennes, pour l’industrie de la recherche, le « joyau de la couronne » de l’économie britannique. « Les acteurs des sciences de la vie seront attentifs aux voies innovantes pour développer l’industrie anglaise et de nouvelles compétences dans un monde post EU », pouvait-on lire.
Il va de soi que le Brexit s’accompagnera de nouvelles opportunités. Mais il induira également un désavantage structurel conséquent. Une des conséquences de ce départ sera le divorce avec l’Agence européenne des médicaments (« European Medicines Agency », EMA). « On compte actuellement près de 200 projets de recherche contre le cancer au RU, dont la moitié sont collaboratifs avec un autre état [membre]. L’avancée majeure permettant de prolonger la vie des patients atteints d’un cancer du pancréas en 2008 avait, par exemple, été financée par l’UE », explique Aisling Burnand, directrice générale de l’Association of Medical Research Charities.
Le Brexit va aussi potentiellement créer des difficultés de licence pour les nouveaux traitements développées au Royaume-Uni. Mais l’autre « conséquence très concrète » du Brexit sera « des délais sensiblement rallongés pour la validation des nouveaux traitements européens, une fois en dehors de l’EMA », souligne Nikki Doyle, directrice de Clinical Professionals. « Les patients atteints de maladies rares ont le plus à perdre » d’après le professeur, Jayne Spink, directrice généale de l’association de défense de malades Genetic Alliance UK. « Il est très improbable que les projets de recherche sur des maladies orphelines (qui sont rares, et représentent un débouché limité) soient financés par un pays seul. »
« A l’heure actuelle, l’EU investit 900 millions d’euros par an pour financier quelques 160 projet de recherche autour des maladies rares. Si le RU perd sa participation à ce processus, ce sont les malades qui en paieront le prix », ajoute-t-elle. « L’UE regroupe 500 millions d’habitants, et à ce titre [les malades] peuvent tirer profit de sa taille afin d’obtenir le soutien et financement » de pays ou de l’industrie pharmaceutique. Après le Brexit, le Royaume-Uni n’aura plus un tel atout, et ils devront se faire entendre autrement.
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