Aujourd’hui entre en vigueur une nouvelle taxe pour les véhicules circulant dans le cœur de Londres. Une zone à ultra basse émission a été mise en place par la municipalité afin d’éviter la circulation des voitures et camions les plus polluants. Ces derniers doivent désormais s’acquitter d’une taxe journalière allant jusqu’à 116 euros. Un moyen plutôt dissuasif qui ne portera toutefois ses fruits qu’à certaines conditions.
La voiture : un transport de luxe à Londres ?
Londres est l’une des villes les plus polluées d’Europe. Une situation qui n’est pas nouvelle et que les autorités prennent au sérieux depuis plusieurs années. La capitale britannique a même mis en place un péage urbain dès 2003 qui oblige les automobilistes désireux de circuler en ville à payer une taxe de plus de 12 euros par jour. Un budget énorme pour les particuliers et les petites entreprises qui ont renoncé à la voiture à l’intérieur du périmètre concerné par le péage urbain. Ce sont environ 60 000 véhicules en moins qui circulent au centre de Londres, les embouteillages ont baissé de 30 % et les émissions de CO2 de 16 % par rapport à 2003. Le dispositif est donc un succès pour la décongestion du centre-ville, mais la pollution reste un problème important.
Elu en mai 2016 au poste de maire de Londres, Sadiq Khan lance une nouvelle initiative qui doit « diminuer les émissions toxiques et de rendre l’air de Londres plus sain pour des millions de personnes ». Il s’agit de faire payer les véhicules vieux et polluants encore en circulation dans l’hyper-centre. Une zone dite à ultra basse émission s’étendant de Hyde Park à Liverpool Street Station fait donc son arrivée aujourd’hui. Les véhicules à essence d’avant 2006 sont désormais dans l’obligation de débourser 14,50 euros pour circuler dans ce périmètre. Les conditions sont encore plus draconiennes pour les véhicules diesel puisque tous ceux construits avant 2015 sont concernés. La palme revient aux camions et les cars (peu importe leur date de construction) avec une taxe de 116 euros par jour. L’ancien ministre britannique des Transports souhaite ainsi frapper un grand coup et seuls les taxis échappent à cette mesure. Les automobilistes londoniens doivent donc débourser 26,50 euros par jour pour ceux qui circulent dans l’hyper-centre.
La santé publique au cœur des préoccupations
Une révolution qui risque de faire des émules dans d’autres villes européennes, mais qui pourraient créer des tensions, notamment dans un pays comme la France où la grogne sociale est partie d’une augmentation de l’écotaxe. Un pays où il est légalement possible de faire des péages urbains depuis une dizaine d’années, mais où aucun maire ne s’est risqué encore à une telle mesure. Pourtant les bénéfices en termes de santé publique sont importants à en croire les autorités londoniennes. Ce sont 45 % d’émissions polluantes en moins qui sont espérées. Un moyen de revenir à des taux de pollution plus raisonnables alors que les habitants de Londres « vivent dans une région où sont dépassées les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé concernant les particules toxiques les plus dangereuses » selon Sadiq Khan.
Pour qu’une telle baisse de pollution soit finalement enregistrée, il convient pourtant que le périmètre concerné par la zone ultra basse émission ne soit pas trop petite. En effet, la pollution n’est pas un problème statique. Une rue sera à peine moins polluée si celle d’à-côté n’est pas concernée par le dispositif. La lutte contre la pollution doit donc être élargie, ce que la municipalité londonienne a compris puisque c’est l’ensemble de la capitale qui sera incluse dans la zone ultra basse émission à compter de 2021. Les effets d’une telle mesure seront donc pleinement appréciables qu’à partir de cette date. Les Londoniens ont donc deux ans pour devenir propriétaires d’un véhicule non ou très peu polluant à moins que la tentation de laisser de côté la voiture ne l’emporte finalement pour ceux qui le peuvent.