Ouvertes le 19 octobre dernier, les Assises de la Forêt et du Bois devraient livrer leurs conclusions à la fin du mois de février. Face aux enjeux climatiques, les perspectives dégagées par cette concertation sont particulièrement attendues par les acteurs d’un secteur à la fois filière industrielle créatrice d’emplois, gestionnaire d’espaces appréciés du grand public, et acteur clé de la transition écologique.
La tenue de ces Assises marque la prise de conscience d’une urgence pour les forêts françaises. Ces dernières sont à la fois des écosystèmes à préserver face au changement climatique, qui impose des expérimentations pour aider à la migration des espèces, faire face au manque d’eau, aux parasites comme les scolytes ; et une partie de la solution. La forêt, puits de carbone, capte 20 % des émissions françaises annuelles de CO2.. En engageant le développement de la filière industrielle forêt-bois, la France pourrait réduire ses importations, fortement émettrices de GES, et favoriser l’utilisation de matériaux locaux et bio-sourcés, notamment dans la construction.
Si l’urgence d’agir est unanimement perçue, toutes les parties prenantes n’acceptent pas avec le même enthousiasme l’étape préalable du dialogue. Dans une tribune collective publiée en octobre 2020 par Libération, la présidente de PEFC France, Christine de Neuville, appelait à « penser, travailler, agir ensemble », dans la diversité des apports des « écologues, chercheurs, professionnels du bois, historiens, biologistes, forestiers de terrain, etc. » tout en faisant sortir le débat du cercle des initiés pour intégrer l’ensemble des préoccupations des citoyens. C’est à ce besoin de dialogue et de concertation que semble avoir voulu répondre le gouvernement avec les Assises.
Un dialogue impossible ?
La nécessaire concertation est en effet entravée par des organisations jouant sur les peurs et des réflexes émotionnels. Alors que les besoins en bois augmentent, nécessitant des investissements industriels, un mouvement très hostile se structure et trouve des relais médiatiques.
Localement, des projets de scieries comme à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) ou dans le Morvan, voient s’implanter des associations qui mènent le conflit sur le terrain militant et judiciaire. Si ces initiatives retardent concrètement des projets d’investissements, c’est certainement dans les méthodes de communication publique que le bât blesse le plus durement. Valentin Fontan-Moret, consultant en Intelligence Stratégique & Territoriale, observe des opérations d’influence de plus en plus nombreuses et hostiles ces dernières années. Des tribunes régulières dans les quotidiens nationaux opposent la gestion nécessaire des forêts à une « forêt primaire » fantasmée. Des médias plus militants, du journal en ligne aux chaînes YouTube transforment des abattages en images chocs et spectaculaires. La focalisation sur des événements très localisés remplace dans le discours militant l’analyse globale, dégradant l’image de toute une filière.
Les professionnels du secteur face aux tentatives de dégradation de leur image
D’après l’ingénieur forestier Philippe Riou-Nivert, les professionnels du secteur sont frappés par ces critiques, qui se posent en porte-à-faux avec la gestion durable qu’ils pratiquent au quotidien. Il déplore que le sensationnalisme de certaines images ne soit pas compensé par la mise en lumière du travail quotidien des forestiers. La réalité du terrain est loin des caricatures militantes.
La dénonciation des « coupes rases » est l’exemple typique de la distorsion d’une réalité pour effrayer le grand public. « C’est un terme très forestier et je comprends que cela puisse être assez mal compris du public, qui peut faire des amalgames avec des opérations de défrichement de la forêt » estime Tancrède Neveu, directeur délégué du Fonds de dotation Plantons pour l’avenir. Ces coupes ne concernent en réalité que 0,25 % de la surface forestière en production chaque année et sont une technique de récolte classique de la gestion en futaie régulière.
Retrouver le sens du temps long
Au fond, le conflit apparent entre défenseurs des arbres et acteurs de la filière bois-forêt se résume à un différentiel de temporalité, estime Tancrède Neveu. Là où les premiers s’attachent à l’arbre lui-même et refusent d’envisager qu’une opération d’abattage, puisse s’inscrire dans la gestion durable d’une forêt, les seconds ont une temporalité qui se compte en décennies et consentent parfaitement à une récolte à un instant T lorsque les arbres sont arrivés à maturité, faisant place ainsi à une nouvelle génération.
Dans une société d’immédiateté, il est évidemment plus difficile pour les seconds de se faire une place dans la bataille médiatique, au risque de voir une vision fantasmée s’imposer et mettre en péril une filière d’avenir.
« Au fond, le conflit apparent entre défenseurs des arbres et acteurs de la filière bois-forêt se résume à un différentiel de temporalité, estime Tancrède Neveu. Là où les premiers s’attachent à l’arbre lui-même et refusent d’envisager qu’une opération d’abattage, puisse s’inscrire dans la gestion durable d’une forêt, les seconds ont une temporalité qui se compte en décennies et consentent parfaitement à une récolte à un instant T lorsque les arbres sont arrivés à maturité, faisant place ainsi à une nouvelle génération. »
Ah, cette conclusion ne m’est pas satisfaisante, alors que j’étais sur le point d’adopter, pourquoi pas, ce point de vue de l’industrie forestière.
Si le conflit apparent est sur la temporalité et maturité d’un arbre, comment la maturité est-elle déterminée ?
30 ans ? 80 ans ? 100 ans ? On parle de décennies, mais l’horizon temporel d’une foret n’est pas en décennies, mais en centaines d’années.
Le rôle des arbres vieux de centaines d’années me semble essentiel au niveau du sol (tenue du sol en pentes, grâce aux grandes racines profondes. aidant l’eau a pénétrer le sol, sinon ça crée des inondations en vallées), au moins dans cet aspect la.
Encore une fois, le conflit vient de deux parties qui se veulent non-complémentaires et ne sauraient trouver la troisième voie.
Tout comme un bon vieux conflit vegan-viandard.
Sans les humains pour monitorer, la foret serait plus susceptible de brûler entièrement et tout dévaster en quelques jours, y compris les animaux y vivant, oui.
Donc on a un rôle a jouer ici. Seulement, est-on sur duquel?
La disparition de la pratique des feux contrôlés et la coupe a « maturité » ne sont pas forcement au service de la foret, quand c’est un organisme vivant qui a une complexité de fonctionnement énorme, et que parfois, ce ne sont pas les arbres matures qui doivent partir, dépendant de la situation, par exemple…
Peut-on rehausser le niveau des gestions de conflit en 2022 s’il vous plaît? Merci.
Bien sûr les mycorhizes (champignons microscopiques) qui vivent sur les racines de certains arbres maintiennent l’humidité des sols et conservent l’eau de pluie pour la redistribuer lors des grandes chaleurs.
Bien sûr les zones humides terrestres ont disparu pour 70% d’entre elles, ce sont des capteurs de CO2 plus efficaces que les forêts et l’Océan peut-être compense cette perte en captant davantage de CO2, celui que les zones humides ne captent plus. Disons nous pouvons nous poser cette hypothèse de travail qui nous amène à une éventuelle explication de la disparition des coraux et des mollusques à coquille. En effet, lors du captage du CO2 par les lieux humides, il y a une acidification qui se fait dans les sols et sur les coquillages…
Bien sûr il y a une inversion des champs magnétiques qui fait augmenter le rayonnement solaire et qui peut justifier une augmentation de la température dans certaines régions avec aussi des objets, déchets spatiaux, météorites qui peuvent être désorbités lors des modifications de ces champs magnétiques…
Reste que la nature est avant tout hostile à l’homme et que laisser des espaces hostiles permet de maintenir des espaces de vie pour l’homme. Sans doute convient-il de ne pas trop les confondre.
L’homme cherche à conquérir l’espace et il le fera. Une autre zone hostile deviendra un lieu de vie pour les hommes du futur. Les voyages dans les airs seront de plus en plus fréquents avec la disparition progressive des routes et des contournements…
L’avenir ? C’est à nous de le construire pour qu’il soit vivable et désirable.
la santé des hommes passent par une qualité de l’eau et par la quantité d’eau potable. Quelles sont les priorités que nous donnons pour avoir cette qualité et cette quantité d’eau nécessaire à la vie sur terre ?