La qualité de l’air en Europe s’améliore doucement. Malgré ces progrès, elle continue de causer plus de 390.000 décès prématurés au sein de l’UE, avertit l’Agence européenne de l’environnement.
On respire mieux en Europe, mais on ne respire toujours pas si bien. Les chiffres de la pollution de l’air révélés par l’Agence européenne de l’environnement (AEE) dans son rapport annuel publié le 29 octobre 2018, sont à la fois encourageants et alarmants. Si la qualité de l’air a progressé durant l’année, la concentration de polluants se maintiennent globalement au-dessus des limites autorisées par l’UE et par l’OMS, et continue à ce titre à causer un nombre important de morts prématurées.
L’AEE révèle que 6% des européens vivant dans des grandes agglomérations urbaines sont exposés à des niveaux de particules PM2,5 (particules très fines composées de poussière, de fumée, de suie ou de pollen) supérieurs aux limites autorisées par les règlements européens – contre 7% un an plus tôt. Cette proportion atteint toutefois 74% de cette même population si on se fie aux recommandations de l’OMS en matière de pollution de l’air.
Les principaux coupables sont les particules fines (PM2,5), de dioxyde d’azote (NO2) et d’ozone (O3). L’AEE estime ainsi que les particules fines ont été responsables d’environ 391 000 morts prématurées en 2015 dans les 28 pays de l’UE, un chiffre qui monte à 422 000 dans les 41 pays européens étudiés. Si ces chiffres sont impressionnants, l’agence souligne qu’il s’agit tout de même d’une réduction de « près d’un demi-million de décès prématurés par an » par rapport à 1990.
Le nombre de morts prématurées liées au NO2 (principalement émis par les moteurs diesel) est, lui, estimé à 76 000 en 2015 dans l’UE (79 000 dans les 41 pays européens étudiés). Enfin, pour l’ozone le nombre est estimé à 16 400 (17 700 dans les 41). Aussi, pour Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE, cette pollution est un véritable « tueur invisible » et il convient de « redoubler d’efforts pour nous attaquer à ses causes ».
Sans surprise, les principaux secteurs responsables de ces émissions sont une fois encore le transport routier, l’agriculture, l’industrie et la production d’énergie. Aussi, « de nombreuses stratégies d’atténuation des changements climatiques peuvent diminuer la pollution de l’air et inversement », souligne l’OMS. L’organisation appelle toutefois à « une ambition renforcée » en faveur d’un « mouvement mondial pour un air pur ».
L’OMS reconnaît l’air vicié comme un « facteur de risque majeur » pour des maladies non transmissibles, notamment les cancers du poumon, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les infarctus ou encore les maladies du système respiratoire (broncho-pneumopathies, asthme…).
Actuellement, six Etats membres sont dans le collimateur de la Cour de justice de l’UE pour avoir manqué à leurs obligations en matière de qualité de l’air : la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Hongrie et la Roumanie.