Le land sharing et le land sparing, deux concepts fondamentaux en agroécologie, tels qu’illustrés par l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) : une illustration de propagande grossière, qui fausse complètement le débat. En réalité, c’est le land sparing (incompatible avec l’agriculture bio) qui permet de conserver le plus d’espaces naturels ou semi-naturels (bois, haies, bandes enherbées)
Pendant le mois de décembre 2020, de nombreux journaux[1] se sont fait l’écho d’une étrange querelle : l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) se plaint de la mise en ligne publique de la base de données environnementales Agribalyse, mise au point par l’ADEME et l’INRAE[2], et demande son retrait ! De quoi s’agit-il ?
Cette base de données publique recense les résultats des analyses d’impact environnemental de 3 000 produits agricoles, bruts ou prêts à la consommation. Elle sert de référence aux agriculteurs et aux restaurateurs qui souhaitent améliorer leur bilan environnemental, et doit servir de base au futur étiquetage environnemental de produits alimentaires. La raison du courroux de l’ITAB : les produits bio y seraient systématiquement défavorisés par rapport aux produits de l’agriculture intensive, en particulier à cause de la méthode de l’ACV (Analyse de Cycle de Vie) utilisée pour mesurer leur impact environnemental. Les défenseurs du bio remettent ainsi en cause l’outil essentiel de mesure des impacts environnementaux des activités humaines, reconnu au niveau mondial, qui sert de base à tous les plans internationaux pour la lutte contre le changement climatique !
Dans la rubrique « Planète » du Monde, qui passe son temps à dénoncer des conflits d’intérêts réels ou fantasmés, il est assez surréaliste de voir ainsi relayée la plainte d’un organisme privé, dépendant à 100% de l’agriculture bio, qui demande le retrait de données publiques établies par les deux organismes de référence français pour les impacts environnementaux de l’agriculture. Mais il est clair depuis longtemps que la notion de conflit d’intérêts est très sélective dans la presse française. Cela ne doit pas nous empêcher d’étudier l’argumentation de l’ITAB, détaillé dans un dossier qui compte pas moins de 52 pages[3].
Un faux procès fait à l’Analyse de Cycle de Vie
En fait, quand on lit en détail ce document, on n’y trouve aucune véritable remise en cause scientifique de la méthode de l’ACV (encore heureux, puisqu’il faut rappeler une fois encore que c’est celle qui fait référence dans toutes les évaluations internationales sur l’environnement). L’ITAB lui fait deux reproches :
- L’ACV ne suffit pas pour caractériser l’impact environnemental de l’agriculture. En particulier, elle ne prend pas en compte ses impacts sur la qualité des paysages et sur la biodiversité.
- Même pour les impacts qu’elle prend en compte, elle serait biaisée par construction en faveur de l’agriculture intensive.
Examinons ces deux points :
- Le premier point est partiellement vrai, mais tendancieux, en ce qui concerne la biodiversité : effectivement, l’ACV n’intègre pas de mesure d’impact réel sur la biodiversité, mais elle comprend tout de même un indicateur d’écotoxicité. Comme cet indicateur repose sur le classement toxicologique des produits, il s’agit d’un indicateur de danger et non de risque, il tend donc à surestimer l’impact réel des produits utilisés pour la production agricole. De toute façon, comme nous le verrons dans la suite, les résultats des études sur le land sharing et le land sparing suggèrent qu’une prise en compte des impacts mesurés sur la biodiversité serait plutôt défavorable au bio, quand on les mesure en fonction de la quantité produite. Pour l’impact sur le paysage, le reproche n’a aucun sens, comme nous le verrons là aussi dans la suite : le maintien ou la restauration d’espaces naturels favorables à la biodiversité est une problématique différente de celle des pratiques agricoles, qui ne peut donc pas être prise en compte dans une analyse des produits agricoles finaux. De plus, là encore, l’agriculture bio, par ses faibles rendements, complique la bonne gestion des paysages, au lieu de la favoriser.
- Le second point relève du pur complotisme. D’après l’ITAB, « Les ACV reposent sur le paradigme du « land sparing » et «la méthodologie ACV, notamment en raison du paradigme de départ sur lequel elle s’appuie, favorise les systèmes intensifs». Nous reviendrons au paragraphe suivant sur ce qu’est le land sparing, et sur la vision totalement mensongère qu’en propage l’ITAB. Il suffit de dire pour l’instant que le land sparing se réfère simplement à un mode de gestion de la biodiversité agricole à l’échelle du paysage, et n’a donc aucun rapport avec les calculs d’impact faits par les ACV. En fait, si l’ACV gêne tant l’ITAB, c’est pour la raison qu’il avoue lui-même : «Une problématique majeure est celle liée au fait que les impacts ACV sont rapportés aux kilos produits » L’Institut ajoute immédiatement « et par conséquent, cela privilégie, par construction, les systèmes intensifs », ce qui est totalement faux : si l’agriculture bio est mal notée dans les ACV, c’est essentiellement parce qu’elle a un moins bon bilan énergétique que l’agriculture conventionnelle, ramené aux quantités produites. Or c’est bien le bilan par quantité d’aliment produite qu’il faut calculer pour avoir une vision de l’impact environnemental de notre consommation, et pas le bilan à l’hectare comme les partisans du bio ont longtemps essayé de l’imposer. Si on se ramène à la surface agricole, on compare les impacts environnementaux d’un hectare de culture conventionnelle à un hectare de culture bio qui nourrit 40 à 50% de personnes en moins, cela n’a aucun sens.
Une vision totalement faussée du débat « land sharing vs land sparing »
Pour étayer sa critique de l’ACV, l’ITAB fait référence au débat scientifique entre le « land sharing » et le « land sparing ». En soi, c’est une bonne chose, car ce débat, peu connu en France, est essentiel pour comprendre l’impact des systèmes agricoles sur la biodiversité. Malheureusement, l’ITAB en donne une vision totalement biaisée, au point d’inverser ses enjeux réels.
Pour expliquer ce que sont le land sparing et le land sharing, reprenons une des rares publications en langue française sur ce sujet : « Une partie du débat scientifique et politique sur ce sujet s’est concentrée sur le dilemme suivant : faut-il concentrer l’agriculture sur des terres et des cultures intensives en facteurs industriels pour conserver ailleurs plus d’espaces naturels riches en biodiversité (land sparing) ? Ou bien privilégier une agriculture plus diversifiée mais à plus faible rendement, c’est-à-dire plus extensive et donc moins économe en espaces naturels (land sharing) ?[4] ». On comprend bien que l’agriculture bio, qui permet de conserver une meilleure biodiversité à l’intérieur des parcelles agricole, au prix de plus faibles rendements, relève du land sharing, et que le land sparing suppose de conserver les techniques de l’agriculture intensive (ce qui n’empêche pas de les raisonner au mieux).
Sous la plume de l’ITAB, ce débat devient : « Ce paradigme [le land sparing] consiste à considérer qu’il est préférable d’intensifier au maximum la production, pour produire le plus de quantité sur le moins de surface possible, afin de réserver le maximum d’espaces aux milieux naturels. Il s’oppose au « land sharing », qui consiste à penser les parcelles et les territoires comme des espaces multi-fonctionnels, combinant les fonctions nourricières et écologiques – c’est-à-dire une agriculture extensive maintenant une biodiversité satisfaisante à l’intérieur des parcelles agricoles. » Cette définition biaisée laisse croire que seul le land sharing est attentif à la gestion du paysage et des espaces de biodiversité à l’échelle du territoire, ce qui est totalement faux. Au contraire, c’est le land sparing qui permet de réserver le plus d’espace pour les zones non productives, réserves de biodiversité et génératrices de services écosystémiques. L’illustration jointe à cette définition, que nous avons mise en tête de cet article, montre bien à quel point l’ITAB cherche à biaiser la vision de ses lecteurs : le land sharing y est présenté comme générant un paysage idyllique de bocage, alors que le land sparing est associé à un paysage uniforme d’openfield, où la plupart des éléments naturels du paysage ont disparu. Pour forcer encore le trait, l’illustrateur y a ajouté des camions et autres surfaces artificialisées, qui n’ont aucun rapport avec le sujet. Par ces moyens de propagande grossiers, l’ITAB essaie de faire croire que le land sparing est la continuation de l’intensification agricole, telle qu’elle a été propagée après la 2ème guerre mondiale en Europe : en combinant l’intensification dans les parcelles agricoles à une restructuration des paysages, qui a éliminé nombre d’espaces naturels à forte biodiversité. Or c’est totalement faux : le land sparing conserve bien les objectifs de haut rendement de l’agriculture intensive sur les parcelles, mais c’est afin de minimiser les surfaces agricoles nécessaires à la production, et de permettre des politiques agri-environnementales plus ambitieuses de conservation ou de restauration d’espaces favorables à la biodiversité, comme les bois ou les haies.
L’ITAB complète son amalgame entre land sparing et intensification « à l’ancienne » en affirmant : « les promoteurs du land sparing font l’hypothèse du gain de terre via l’intensification, mais, très concrètement, la spécialisation et l’intensification de l’agriculture ont résulté notamment dans une érosion de la biodiversité, bien documentée aujourd’hui. Or nous aurions dû observer l’inverse dans cette hypothèse. ». Il entretient ainsi la confusion entre les deux dimensions de l’intensification agricole de la 2ème moitié du XXème siècle :
- Recherche du rendement maximum dans les parcelles agricoles (qui conduit à une réduction de la biodiversité dans ces parcelles)
- Appauvrissement des paysages agricoles et de la biodiversité qu’ils portent, par agrandissement des parcelles, suppression de haies, réduction des jachères, taillis et zone humides interstitiels entre les parcelles, spécialisation des exploitations et même des régions de grandes cultures au détriment de la polyculture-élevage.
Il est évident que l’agriculture intensive, telle qu’elle a été pratiquée au siècle dernier, a une responsabilité dans la baisse de la biodiversité, puisqu’elle combinait ces deux dimensions défavorables à la biodiversité. Tout le débat du land sharing et du land sparing est de savoir quel est l’effet prédominant :
- celui de l’appauvrissement de la biodiversité à l’intérieur des parcelles ? Dans ce cas, la meilleure politique pour la biodiversité est le land sharing (par exemple l’agriculture bio)
- ou l’appauvrissement du paysage ? dans ce cas, c’est le land sparing qui permet de maximiser la biodiversité.
Cette question scientifique est lourde d’implications politiques : si c’est le land sharing qui est le plus favorable à la biodiversité, c’est un argument fort en faveur de l’agriculture bio, qui maintient une meilleure biodiversité à l’intérieur des parcelles. Si c’est le land sparing, cela veut dire au contraire qu’il est préférable pour la biodiversité de continuer à utiliser les techniques de l’agriculture intensive dans les parcelles, mais de veiller à la restauration des espaces naturels et semi-naturels des paysages agricoles. Cela impliquerait en particulier que le bilan des pesticides sur la biodiversité est globalement positif : une hypothèse difficile à accepter pour les partisans du bio…
Il s’agit bien sûr d’un débat complexe, dont la réponse dépend des modes de production comparés, et du contexte biogéographique. L’ITAB affirme qu’ «Il existe sur ce point une controverse scientifique au niveau international, qui entraîne régulièrement la publication d’études scientifiques aux résultats opposés selon les postulats pris » : une formulation qui laisse entendre qu’il n’y a aucun argument clair en faveur de l’un ou l’autre. C’est là que nous avons eu la grande surprise de découvrir que les références citées par l’ITAB pour étayer cette phrase très discutable sont :
- d’une part, une publication de l’IDDRI qui ne cite nulle part les termes de land sharing ou sparing
- d’autre part, les deux articles que nous avons publié sur ce thème dans European Scientist[5]! Or, pour ceux qui feront l’effort de lire ces articles, il est clair que leurs conclusions ne vont pas du tout dans le sens suggéré par l’ITAB. Malgré la variabilité des contextes, d’après les méta-analyses réalisées sur ce sujet, il y a une tendance lourde en faveur du land sparing, en particulier pour la faune épigée (qui vit au-dessus du sol). Certes, nous citons bien dans la 1ère partie l’exemple d’une expérimentation INRAE, où les agricultures extensives sont plus favorables à la biodiversité, mais elle ne porte que sur la faune du sol. Et, même dans cette expérimentation, ce n’est pas l’agriculture bio qui obtient le meilleur résultat, elle est nettement devancée par l’agriculture de conservation.
Autre affirmation surprenante de l’ITAB : « Il est à noter que la Direction scientifique de l’INRAE prend clairement la position du land sharing dans son approche de la transition écologique de l’agriculture. ». Nous n’avons pas trouvé trace d’une déclaration officielle de l’INRAE dans ce sens. La seule référence citée par l’ITAB[6] :
- est une publication personnelle de l’un des Directeurs Scientifiques de l’INRAE (C. Huyghe), et non une publication collective de la Direction Scientifique
- est un article paru dans une revue associative de vulgarisation (celle de l’AFIS, Association Française pour l’Information Scientifique), et non dans une publication scientifique.
Jusqu’à nouvel avis (et il serait intéressant d’avoir celui de la Direction Scientifique de l’INRAE), cet article n’engage donc que l’opinion de son auteur. On note d’ailleurs qu’il ne s’y prononce nulle part explicitement en faveur du land sharing. Il démontre simplement que le recours aux services écosystémiques, mobilisés par l’agroécologie, permet d’augmenter les chances d’atteindre une situation où le land sharing devient favorable à la biodiversité… mais rien ne dit que cet objectif est effectivement atteint, ni même accessible dans un avenir proche ! Par ailleurs, il précise bien que l’échelle des exploitations et des territoires est déterminante pour la préservation de la biodiversité. Mais, comme nous l’avons vu, le land sparing permet aussi cette optimisation à ces échelles, il lui offre même plus de latitude que le land sharing, qui nécessite de conserver plus de surfaces agricoles productives.
C’est justement pour limiter les risques de mauvaise interprétation de cet article de l’AFIS que nous avions rédigés les articles déjà cités dans European Scientist, pour mieux expliquer les tenants et aboutissants de ce débat souvent mal compris en France. Manifestement l’ITAB n’en a retenu que ce qui l’intéressait.
Où l’on retrouve la « voiture bio » et le « bus conventionnel »
Finalement, toutes les récriminations de l’ITAB envers l’ACV nous ramènent à un sujet que nous avons déjà traité dans un autre article récent « La voiture bio et le bus conventionnel »[7] : les défenseurs du bio n’aiment pas que l’on rappelle que le bilan environnemental de leur activité est en moyenne moins bon que celui de l’agriculture conventionnelle, quand on le rapporte à la quantité produite, et non à l’hectare cultivé comme ils aiment le faire. L’ITAB essaie de faire croire que le problème viendrait de biais méthodologiques de la méthode de l’ACV, qui fausseraient le bilan environnemental de l’agriculture bio. Elle induirait ainsi en erreur ces grands enfants que sont les consommateurs, si on les laisse consulter les données subversives mises en ligne par l’ADEME et l’INRAE. En fait, comme l’ITAB l’écrit lui-même, le vrai péché de l’ACV porte sur son unité d’œuvre : « Une problématique majeure est celle liée au fait que les impacts ACV sont rapportés aux kilos produits ». C’est pourtant la seule façon responsable de mesurer l’empreinte écologique de notre consommation alimentaire… et c’est bien cette approche qui pointe les piètres performances environnementales de l’agriculture bio.
Son attaque contre le land sparing relève de la même logique. En effet, le débat sur le land sharing et le land sparing vise à vérifier quel est le meilleur modèle agricole pour la biodiversité, à quantité produite égale, et non à surface cultivée égale. Or sur ce point aussi, les données scientifiques sont plutôt favorables au land sparing, et donc défavorables au bio. Il est donc nécessaire pour l’ITAB de discréditer le land sparing, en le faisant passer pour une simple réincarnation de l’agriculture intensive, afin d’occulter l’autre révélation gênante qui commence à émerger des méta-analyses sur la biodiversité des systèmes agricoles : en plus d’être moins performante que l’agriculture raisonnée sur le plan des émissions de GES, l’agriculture bio a également un bilan médiocre sur le plan de la biodiversité.
De vrais problèmes de méthode, mais présentés de façon partiale
Ce n’est pas la première fois que les partisans du bio essaient d’interdire des évaluations scientifiques qui leur sont défavorables. Lors de la publication en 2013 du rapport INRA « Analyse des performances de l’agriculture biologique »[8], un collectif de chercheurs avait réclamé son retrait, au prétexte qu’il aurait été trop négatif pour le bio[9]. Pourtant, les conclusions de ce rapport sur les performances environnementales du bio étaient moins négatives que les données accumulées entre temps dans Agribalyse, selon la méthode désormais bien standardisée de l’ACV. Heureusement, l’INRA n’avait pas cédé à ces pressions à l’époque, et nous espérons bien qu’il en sera de même maintenant. Cette obstination de l’ITAB à effacer les données qui lui déplaisent est d’autant plus choquante, qu’il a pourtant eu toute latitude pour exposer son point de vue. Dans un rapport surréaliste de 2016, réalisé sur demande du Sénateur EELV Joël Labbé, l’ITAB avait pu donner libre cours à ses conceptions très spéciales de l’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture[10] :
- une évaluation rapportée à la surface agricole, et non à la quantité produite, ce qui revient à comparer l’impact d’un hectare de culture conventionnelle à un hectare de culture bio qui nourrit 40 à 50% de personnes en moins : dans le domaine des transports, cela équivaudrait à comparer la consommation au km d’une voiture et d’un bus, sans tenir compte du nombre de personnes qu’ils transportent.
- une surestimation délirante des externalités négatives de l’agriculture conventionnelle (impact sur la mortalité des oiseaux qui conduirait à l’extermination immédiate des espèces prises en référence, surcoût de l’alimentation bio considéré comme une externalité négative des pesticides,…)[11]
- une absence totale de prise en compte des externalités négatives du bio, à commencer par la plus importante de toutes : si on raisonne à surface égale, il faut considérer comme une externalité négative du bio les surfaces agricoles supplémentaires nécessitées par ses faibles rendements[12].
C’est bien sûr ce rapport que l’ITAB invoque, quand il rappelle « Concernant l’agriculture biologique, les résultats des ACV d’Agribalyse sont en contradiction avec la revue bibliographique conduite en 2016 sur les externalités positives de l’AB ». Mais il oublie de rappeler, et il faut le faire une fois encore à sa place, que ces deux sources ne se contredisent pas : on retombe toujours sur la même différence simple, Agribalyse calcule l’impact environnemental ramené au kg d’aliment produit, et le rapport ITAB de 2016 à l’hectare de terre agricole.
De même qu’il réclame continuellement des procédures d’exception allégées pour l’évaluation de ses intrants, par rapports aux contraintes imposées à ceux de l’agriculture conventionnelle, le bio refuse maintenant d’être soumis aux mêmes normes d’évaluation environnementale que les autres activités humaines. Son dénigrement de l’ACV équivaut à l’attitude de fabricants de SUV, qui voudraient interdire la publication des données environnementales sur leurs véhicules, en prétextant que l’ACV des moyens de transport, étant ramenée au km*passager plutôt qu’au km, serait intrinsèquement biaisée en faveur des transports en commun. L’indulgence avec laquelle cette attitude est traitée dans la presse, même dans des journaux favorables à l’écologie politique, montre une fois de plus l’incohérence scientifique totale de l’écologisme appliqué à l’agriculture. Il est vrai que ce problème ne concerne pas uniquement le bio, mais toute la vision écologico-romantique de l’agriculture et l’alimentation. Les indicateurs d’Agribalyse révèlent crument que les données scientifiques sur les impacts de l’agriculture ne sont pas toujours aussi simples et manichéennes que dans un film de Nicolas Hulot ou de Cyril Dion : l’agriculture intensive n’est pas le diable que les médias présentent, et son impact sur les gaz à effets de serre et sur la biodiversité est bien souvent meilleur que les agricultures extensives parées de toutes les vertus. C’est bien ce qui dérange le monde du bio, et ce qu’il essaie d’occulter en réclamant d’être évalué à l’hectare : une approche qui ne prend en compte que les nuisances locales, et non les enjeux globaux de l’écologie, comme les « importations de déforestation »[13].
Il est néanmoins vrai que les ACV méritent d’être complétées et améliorées (ce que l’ADEME ne conteste nullement), et qu’il y a un vrai problème politico-scientifique derrière l’exploitation des données d’Agribalyse. Mais ce n’est pas celui que l’ITAB pointe. Les acteurs du monde agricole qui, comme Interbev (l’interprofession de l’élevage et de la viande), tentent de s’infiltrer dans la brèche de son discours anti-ACV, font preuve d’une grande naïveté, car ce débat risque une fois de plus de se retourner contre eux. C’est ce que nous verrons dans la suite de cet article.
[1] Voir par exemple https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/14/une-base-de-donnees-destinee-aux-professionnels-de-l-alimentation-accusee-de-penaliser-les-systemes-agricoles-extensifs_6063300_3244.html et https://www.liberation.fr/terre/2020/12/26/impact-environnemental-des-aliments-le-casse-tete-du-score-carbone_1809483
[2] ADEME : Agence de la Transition Ecologique INRAE : Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
[3] http://itab.asso.fr/divers/Note%20ITAB_ACV%20&%20Agribalyse%2020201211_web.pdf
[4] Desquilbet et al, 2019 : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00945304/
[5] https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lagriculture-extensive-favorable-a-la-biodiversite-premiere-partie/ et https://www.europeanscientist.com/fr/agriculture-fr/lagriculture-extensive-benefique-pour-la-biodiversite-2eme-partie/
[6] https://www.afis.org/Production-agricole-et-preservation-de-l-environnement-est-ce-possible
[7] https://www.itk.fr/actualites/la-voiture-bio-et-le-bus-conventionnel-ou-comment-lagriculture-perd-la-bataille-de-lagroecologie/
[8] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/rapport-inra-pour-cgsp-volume-1-web071020131_0.pdf
[9] https://reporterre.net/Tempete-a-l-INRA-autour-d-un-rapport-sur-l-agriculture-biologique
[10] https://agriculture.gouv.fr/quantifier-et-chiffrer-economiquement-les-externalites-de-lagriculture-biologique
[11] https://www.afis.org/Le-bilan-economique-des-pesticides-positif-ou-negatif
[12] Pour un décryptage de ce rapport ITAB, voir : http://www.forumphyto.fr/2017/01/03/le-bio-cest-bon-cest-litab-qui-le-dit/
[13] https://www.itk.fr/actualites/edito-green-deal-agricole-une-vision-myope-et-passeiste-de-lecologie/
Image par Andrew Martin de Pixabay
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C’est un édito très mauvais par la conception de son argumentaire (principe d’autorité + partisannanisme …). La lecture n’a pas d’intérêt malgré le fait que le sujet soit important. Dommage.
Bonjour,
Pour éclairer les lecteurs, pourriez-vous préciser ce qui ne vous convient pas dans mon argumentaire? Ca m’intéresserait en particulier de savoir où vous voyez une argumentation d’autorité, alors que je ne fais que citer les meta-analyses parlant du land sharing et du land sparing, en citant toutes mes sources (et contrairement à ce que fait l’ITAB, sans déformer la signification des publications que je cite…)
Rarement lu un pareil tissu de bêtises
Même remarque que pour le commentaire précédent, votre critique est un peu trop vague pour que l’on puisse y répondre… et même pour convaincre les personnes qui vous liront.
NB : j’ai validé ces deux commentaires, d’abord parce que je n’aime pas laisser des commentaires sans réponse, et ensuite pour que les lecteurs de l’article aient un aperçu de la qualité des commentaires que l’on reçoit, quand on se permet de critiquer le bio. Mais pour éviter de laisser toute la place aux trolls, nous ne validerons plus aucun commentaire sans aucune argumentation comme ceux-ci. Bien entendu, European Scientist et moi-même nous engageons à valider et à répondre à toute critique argumentée.
Excellent article, merci pour ce travail d’analyse précis et argumenté, qui montre encore une fois les biais induits par les convictions politiques. Le populisme et le déni scientifique touche malheureusement aussi l’écologie politique !
L’INRAE semble malgré tout avoir effectivement produit qq arguments critiques sur les ACV :
https://www.inrae.fr/actualites/meilleure-comparaison-entre-agriculture-biologique-conventionnelle
Bonjour,
J’avais attiré l’attention sur les non-dits de cette publication, dans mon article https://www.europeanscientist.com/fr/agriculture-fr/lagriculture-extensive-benefique-pour-la-biodiversite-2eme-partie/ : elle laissait croire que la publication d’indicateurs sur la biodiversité serait plus favorable à l’agriculture biologique, mais omettait de dire que les travaux sur le land sharing et le land sparing penchaient nettement en sa défaveur même pour la biodiversité, quand on mesure l’impact à quantité produite égale. L’argumentaire de l’ITAB va beaucoup plus loin, puisqu’il discrédite le land sparing par la présentation biaisée qu’il en fait, et, à ma connaissance, aucun chercheur de l’INRAE ne l’a suivi sur ce terrain pour l’instant.
Mais vous avez raison de signaler que certains chercheurs de l’INRAE partagent les vues de l’ITAB. C’était déjà le cas lors de la demande de retrait du rapport sur les performances du bio de 2013, pourtant publié par l’INRA, dont je parle en fin d’article. Il est sain qu’il y ait un débat scientifique sur ce sujet, mais il faudrait qu’au bout du compte la Direction de l’Institut précise son point de vue officiel. Il en est de même sur l’allégation de l’ITAB selon laquelle la Direction Scientifique de l’INRAE se serait prononcée pour le land sparing, alors que l’ITAB ne cite aucune référence pour le montrer.
Je voulais bien sûr écrire « l’allégation de l’ITAB selon laquelle la Direction Scientifique de l’INRAE se serait prononcée pour le land sharing », et non pour le land sparing, désolé pour le lapsus !
Ça c’est de la politique agricole « hors-sol ».
Shematiquement ça donne ça :
-Deruire totalement un sol sur une moins grande surface
Ou
-Détruire partiellement un sol sur de plus grande surface.
Qu’en est-il de la qualité energetique de la production vs la quantité ?
Des méthodes alternatives qui restructurent au lieu de détruire les sols qui permettraient une occupation plus grande et non destructive ?
Etc, etc, etc
Vous avez raison sur un point : ce débat est aussi in »utile » (stérile) que la voiture électrique vs le bus à pétrole qui ne tient pas compte de tout le reste qui implique un changement profond de notre façon de fonctionner et de notre mode de pensée trop globalistes.
Je suppose que vous voulez parler de l’agriculture de conservation (des sols). Je l’avais évoquée dans le 1er article European Scientist cité par l’ITAB : https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lagriculture-extensive-favorable-a-la-biodiversite-premiere-partie/ .
Sur cet exemple (une expérimentation à long terme de l’INRA), on voit bien que l’agriculture de conservation est effectivement le mode de culture le plus favorable à la biodiversité des sols. Mais comme ses rendements, meilleurs que ceux du bio, restent quand même nettement faibles que ceux de l’agriculture raisonnée, elle nécessite elle aussi nettement plus de surfaces cultivées, à production égale. Ce qui aurait du coup des effets néfastes sur la biodiversité épigée (vivant au-dessus du sol), comme on le voyait dans le second article (https://www.europeanscientist.com/fr/agriculture-fr/lagriculture-extensive-benefique-pour-la-biodiversite-2eme-partie/ ).
Le débat scientifique abordé ici est toutefois fort intéressant. Je pense que vous oubliez tout de même des éléments très importants.
– En premier lieu, le raisonnement du land sparing ne tient pas pour des régions du monde comme l’Europe où la quasi-intégralité de l’environnement a été modifiée par l’Homme pour l’agriculture. L’objectif des politiques publiques y est de maintenir une activité agricole, même dans les zones difficiles (montagne par exemple) afin de conserver des activités économiques dans ces zones et d’y poursuivre une agriculture extensive favorable à la biodiversité (alpages par exemple). Le land sharing a donc bien des intérêts pour ce type de situation.
– Deuxièmement, il ne faut pas oublier que le coût énergétique marginal est très souvent croissant dans les système de production (les derniers quintaux sont beaucoup plus chers à produire que les premiers). L’intensification maximale sur une surface donnée consomme ainsi souvent plus d’énergie qu’une production plus extensive sur une plus large surface (pour une production globale égale). C’est le principe de l’entropie, principe scientifique de base que l’auteur semble ignorer.
– Pour finir, le raisonnement de l’auteur conduit à favoriser des agricultures intensives produisant des excédents dans certains pays pour fournir les marchés des pays aux agricultures moins avancés, détruisant au passage l’activité agricole locale. L’augmentation des échanges internationaux est aussi une source importante d’émissions de GES et de consommation d’énergie. Le raisonnement du land sparing à l’échelle mondiale ignore souvent cet élément de logistique.
En conclusion, je me pose une question : l’auteur de cet article ignore t-il une partie importante du problème ou fait-il exprès de l’occulter ? Incompétence ou cynisme (financé par Bayer Crop Science apparemment) ? Quelque soit la réponse, ça n’est pas flatteur…
Bonjour,
Sur vos 3 points :
– Le land sparing est tout-à-fait applicable en Europe, où il permet des politiques agri-environnementales plus ambitieuses de restauration des espaces naturels ou semi-naturels (haies, bandes enherbées) en association avec les surfaces cultivées. Les synthèses sur le land sparing montrent même que c’est surtout dans les pays où les paysages sont déjà très anthropisés, qu’il offre des avantages significatifs sur le land sharing. Par contre, l’arbitrage entre land sharing et land sparing n’a de sens que dans les régions où l’agriculture intensive est possible. Il ne s’applique donc pas aux zones défavorisées comme la montagne. Le land sparing ne peut donc être appliqué qu’en plaine, il est tout-à-fait compatible avec le maintien d’élevage extensif dans les zones de montagne, puisqu’il s’agit de zones où une agriculture intensive serait de toute façon impossible. Même en zone de plaine, si l’on souhaite redévelopper la polyculture-élevage, ce qui est bien sûr souhaitable, il reste préférable pour la biodiversité que les parcelles fourragères non en STH soient conduites en land sparing, pour laisser un maximum d’espace aux espaces naturels et à la prairie permanente. Pour une analyse environnementale objective, l’élevage nécessite des indicateurs spécifiques à la biodiversité en plus des calculs d’ACV, c’est sur ce point que je reviendrai dans mon prochain article.
– Dans le 2ème point, vous faites référence à la loi des rendements décroissants des intrants. Je ne vois pas bien le rapport avec l’entropie, mais en tout cas ce phénomène est bien pris en compte par les ACV.
– Pour le 3ème point, vous mélangez deux choix politiques distincts : les choix politiques sur la production agricole française (quelle quantité, pour quels usages : consommation domestique, exportation ?), et le mode de production choisi pour ces objectifs de production. Le choix entre land sharing et land sparing se fait pour un objectif de production donné, il n’intervient donc que pour optimiser la biodiversité, une fois que ce premier choix (des objectifs de production) est fait. Par ailleurs, vous rappelez à juste titre que les échanges internationaux de produits agricoles produisent des gaz à effet de serre. Ni le land sharing ni le land sparing n’en tiennent compte, ce n’est pas leur objet. Par contre, les ACV les comptabilisent bien sûr.
Votre commentaire pose donc de vrais questions, mais à mon sens l’ACV répond à la majeure partie d’entre elles, et le land sparing n’est nullement incompatible avec vos remarques. Je laisse les lecteurs juges pour votre pique finale (je note toutefois que, curieusement, les nombreuses collaborations d’ITK avec l’INRAE ne vous incitent pas à crier au conflit d’intérêt ).
En fait on ne se comprend pas car je pense plutôt le problème d’un point de vue de l’efficacité énergétique et des émissions de GES et que vous prenez plutôt les choses du point de vue de la biodiversité. Les deux paramètres sont tout aussi importants mais ne demandent pas les mêmes actions.
Je maintiens que votre raisonnement me paraît absurde au moins du point de vue énergétique et climatique, comme rappelé par la loi des rendements moins que decroissants. Qui est bien un exemple typique de la loi de l’entropie appliquée à un système biologique ! Le format du commentaire écrit est malheureusement peu adapté à une démonstration.
Concernant ma pique, je ne pense pas que l’on puisse mettre sur le même niveau un organisme public de recherche comme l’INRAE et une entreprise à but lucratif comme Bayer Crop Science lorsque l’on parle justement des éléments qui composent le coeur du chiffre d’affaire de cette société.
Je ne vois toujours pas le lien entre la loi des rendements décroissants et l’entropie, mais ce n’est pas l’essentiel. Ce que j’aimerais comprendre, c’est pourquoi vous semblez considérer qu’elle n’est pas prise en compte par l’ACV.
Article…surprenant. Il est certain que le ton, la forme est assez désagréable. C’est prétentieux, méprisant, ça part d’une hypothèse que « critiquer le bio » serait s’exposer à la « haine des écologiste ». Parler de « complotisme » , et autre, ça tient du gros gros cliché réactionnaire qui n’a rien à faire ici. Et cela est d’autant plus absurde que l’auteur par du « bio » comme si c’était une secte, rentrant par la même, lui même, dans un espèce de complotisme trumpiste/Qnon parfaitement abjecte. Rien que ça , ça la fout mal. Mais bon passons, sur la forme pour essayer de décoder le fond. Déjà, l’auteur… qui collabore avec Bayer … bon allé, pourquoi pas. Par contre sur sa compréhension de l’ACV la on est vraiment dans le champ… sérieux. Déjà il est parfaitement anormal que l’ACV ne prenne pas en compte la biodiversité. En 2021… et dire que d’une certaine façon en prenant en compte la toxicité « compenserait un peu » cette lacune, c’est complètement nul. ça n’a absolument rien à voir ou presque. Et la biodiversité dans le sol ? L’impact sur les nappes ? La disparition des haies et des milieux humides ? L’ACV quand il est bien fait, prend en compte la biodiversité, et les paysages (écologie du paysage), donc il reste assez évident que cet ACV a été bâclé. Il faut refaire l’exercice convenablement, dans les règles de l’art, même si, probablement, le résultat sera le même. Supposons que le résultat soit viable. Pourquoi pas, après tout le bio n’est pas une panacée, ça reste souvent une agriculture intensive, utilisant engrais et pesticides, des surfaces de de plus en plus importantes… mais bio. Donc qu’il y ait peu d’avantage au bio sur le « conventionnel », pourquoi pas. Le rendement ? J’avoue que les chiffres donnés m’ont fait bondir. Je reste eut convaincu de cette différence de performance du « bio ». Mais … au delà des intérêt politiques des deux secteurs, qu’en est il des possible avancées vers une agriculture vraiment respectueuses (agroécologie ? sols vivants ? non labour ? ) ? Pourquoi se limiter a une vision aussi dichotomique, manichéenne de l’agriculture. Comme si il n’y avait que le bio (dont on ne sait pas quel bio ? ) ou le conventionnel ? Ensuite, L’INRA a longtemps été critiquée pour ses prises de position en faveur de l’agriculture intensive, donc en quoi peut s’attendre a un discours « homogène » en provenance de l’institution ? Alors que les chercheurs qui y travaillent, eux même , ont des points de vu diversifiés. Encore un texte qui se base sur des dogmes, pour critiquer, éventuellement, d’autres dogmes. C’est tristes de voir des « scientifiques » rentrer dans ce jeu de croyances et d’intérêt politiques et financiers, sans réellement se soucier des faits et prendre la peine d’exposer des avis objectifs, mesurés, relatifs à la réelle portée des résultats exposés. On a ici un discours partisan, à la limite de l’odieux, qui fait surtout honte à son auteur sans apporter la moindre piste de réflexion.
Bonjour,
Je tiens d’abord à souligner qu’être qualifié de prétentieux me va droit au cœur, quand cela vient de quelqu’un qui considère que les ACV de l’ADEME et de l’INRAE (dans le respect des normes environnementales internationales) sont bâclées : vous mettez la barre très haut !
Plus sérieusement, je pense que nos positions ne sont pas aussi éloignées que vous le pensez. Vous rappelez la nécessité d’avoir des indicateurs fiables sur la biodiversité, qui n’existent pas dans les ACV actuelles. Je l’évoque aussi, et je développerai ce point dans la 2ème partie de cet article. Mais, sans anticiper trop sur cette suite, je pense que c’est une mauvaise idée d’intégrer ces indicateurs dans les ACV, alors qu’ils ne peuvent partager aucune unité commune avec l’évaluation des émissions de GES, qui étaient la mission initiale des ACV. Vous vous inquiétez de la disparition des haies et des zones humides, c’est justement le land sparing qui permet de leur réserver le plus de place, pour une production agricole donnée. Vous dites qu’il ne faut pas se limiter à une opposition binaire entre bio et conventionnel, c’est également ce que je rappelle régulièrement (voir le dernier paragraphe de https://www.europeanscientist.com/fr/agriculture-fr/lagriculture-extensive-benefique-pour-la-biodiversite-2eme-partie/ : « La vraie leçon du modèle de Green : arrêtons d’opposer les modèles agricoles »).
Là où il y a tout de même des divergences fortes entre nous, c’est sur deux points :
– L’unité de mesure des impacts environnementaux de l’agriculture : pour moi, il est indispensable que cette mesure soit ramenée à la quantité agricole produite, et non à la surface agricole occupée, si on veut tenir compte à la fois des impacts locaux (pollutions diffuses par les engrais et pesticides, perte de biodiversité en Europe) et globaux (émissions GES à la production et au transport, déforestation). C’est pour cela qu’il est inacceptable que l’ITAB récuse les mesures d’émissions de GES ramenée au kg de produit agricole, telles qu’elles sont calculées par les ACV. Et qu’il déforme les enjeux du débat land sharing/land sparing, qui évalue les impacts sur la biodiversité en fonction des quantités produites, plutôt qu’à l’hectare de terre agricole. C’est en essayant d’imposer un mode d’évaluation qui n’avantage que le bio, que l’on crée la guéguerre des modèles agricoles que vous dénoncez à raison.
– L’articulation entre les indicateurs d’impact et la décision politique : vous rappelez, à juste titre, qu’il existe différentes sensibilités politiques au sein de l’INRAE. Il est légitime qu’elles s’expriment toutes, mais c’est justement pour cette raison qu’il est nécessaire que les indicateurs d’impact (comme l’ACV) s’en tiennent à des données factuelles vérifiables scientifiquement. Or ce n’est pas la direction que prend l’ITAB, quand il demande que les données d’Agribalyse ne soient publiées qu’après les avoir mises en cohérence avec les politiques publiques et les attentes des citoyens, comme nous le verrons là-aussi dans la suite de cet article. Ce n’est pas non plus celle que vous prenez quand vous « bondissez » à la lecture de chiffres de rendement, qui proviennent certes du rapport honni de l’INRA sur les performances du bio (celui qui lui a valu l’accusation de prendre position en faveur de l’agriculture intensive), mais ne sont qu’une compilation des données du Ministère de l’Agriculture.
C’est bien cette confusion entre les faits vérifiables, et les opinions ou les attentes des citoyens, qui génère l’ambiance que je qualifie de complotiste, où la publication de tout chiffre défavorable au bio est systématiquement accueillie par des insinuations sur les intérêts supposés de leurs auteurs.
Bon d’accord, il faudrait aussi lire tous les liens, je n’ai pas le temps pour l’instant. On peut discuter tant qu’on voudra, c’est évidemment le rapport entre de l’énergie dépensée par kilo en tenant compte de tout qui doit être pris en compte. Notamment l’énergie dépensée dans la fabrication des produits aussi bien en bio qu’en intensive. Aussi du côté du consommateur, s’il faut manger plus de kilo en conventionnel qu’en bio pour se nourrir correctement on doit aussi en tenir compte. Ceci dit, la priorité est d’augmenter le taux de matières organiques (MO) dans les sols et dès lors, interdire de manière autoritaire tous les produits chimiques comme veut le faire le bio n’est certainement la meilleure solution pour y arriver. L’agriculture de conservation de régénération ou de re-végétalisation (au choix) sont les seules à même de remonter le taux de MO. En remontant la MO on se sépare progressivement des intrants que ce soit en bio ou non. Le problème est le désherbage et le glypho est l’outil le plus efficace pour aller vite dans la remontée. C’est un autre débat mais on peut me penser créer la monnaie pour permettre à l’agriculture de remonter sa MO , on peut mettre des terres en régénération seule pendant quelques années. Dès lors quand on aura réaliser ce travail on pensera au paysage, à la place de l’arbre et surtout de la forêt. Le plus gros problème que ce soit au niveau agricole ou même au niveau potager est ce dogmatisme qu’on ne peut cultiver qu’avec une terre nue, la couvrir vous n’y penser pas mon cher monsieur ce n’est pas propre. Enfin bref, il faut imaginer une procédure évolutive et ne plus se situer dans le tout ou rien.
Tout-à-fait d’accord avec vous, la vraie solution n’est pas un choix entre le bio et le conventionnel, ni entre le land sharing et le land sparing, mais dans l’association de toutes les techniques qui permettent de réduire les émissions nettes de GES et de restaurer la biodiversité, sans trop pénaliser la production.
Le seul point sur lequel j’ai une réserve est l’idée selon laquelle il faudrait plus consommer en conventionnel qu’en bio, pour la même valeur nutritive : encore une allégation du bio qui demanderait à être vérifiée un peu plus sérieusement! Par contre, il est clair que le coût plus élevé du bio ne favorise pas l’accès à une alimentation saine et variée, en particulier en fruits et légumes.
J’avais mis le point que vous soulevez au conditionnel. Vous avez raison qu’il faudrait une recherche plus approfondie et aussi d’accord pour le coût du bio. Pour plus d’informations sur mes perceptions voici le site où je publie des articles https://agriculture-de-conservation.com/La-regulation-biotique.html?id_auteur=119
Bonjour.
Les ACV sont un outil très utile pour orienter une stratégie de production, l’optimiser, et fournir des arguments chiffrés à cette stratégie dans un contexte donné, et avec des objectifs à priori..
En revanche, c’est un outil catastrophique pour comparer des produits ou des méthodes entre eux, car une bonne partie des calculs dépend de conventions purement artificielles, qui ont toutes leurs logiques propres, et toutes légitimes en fonction des objectifs fixés au départ.
Par ailleurs, si on veut comparer, il faut ramener l’ensemble des impacts à un ou quelques indicateurs, donc établir une pondération entre plusieurs centaines d’impacts, qui sont des choux et des carottes, par exemple CO2 et toxicité…Contrairement à ce qu’on fait croire au grand public, les bases de données pour faire cela ne sont pas du tout stabilisées.
Le premier sujet est le choix de l’unité fonctionnelle, comme souligné dans l’article. (hectare ou kilo pour l’agriculture, durée de vie ou km parcourus pour une chaussure, …) C’est en cela que je rejoins l’auteur.
Mais comparer des choses avec l’ACV… dans un siècle peut être on aura vraiment les bases de données, et encore, il restera toujours un aspect subjectif dans les méthodes.
Bonjour,
En fait, c’est un sujet que j’aborde dans la 2ème partie de l’article, qui est maintenant parue :
https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lacv-analyse-du-cycle-de-vie-indicateur-dimpact-environnemental-ou-concours-de-vertu-ecologiste/
C’est vrai qu’il y a toujours des raccourcis simplistes quand on compare les ACV de modes de production différents. Mais il faut bien faire des choix, et c’est toujours mieux de le faire avec des critères scientifiques, même imparfait, qu’avec des a priori selon lesquels le « naturel », ou l’extensif, serait forcément meilleur.
Et si on évite d’amalgamer dans un même indicateur des données non comparables (par exemple les GES et la biodiversité), cela reste raisonnable.
Merci beaucoup pour cet article très clair et passionnant, qui remet la méthode ACV à plat et en pointe avec justesse les limites, tout en rappelant que c’est le meilleur outil dont on dispose.
Il y a encore beaucoup à faire pour prendre correctement en compte les problématiques des services écosystémiques et de la biodiversité en ACV. La question qui me vient est de savoir si entre land sparing et land sharing on ne valorise pas deux biodiversités différentes.
Le land sharing en valorise une plus généraliste, alors que le land sparing résulte en des écosystèmes plus spécialisés. Il n’est dès lors pas trivial de décider laquelle est la meilleure. Y a-t-il des travaux à ce sujet ?
Par ailleurs, si la question du rendement à l’hectare défavorise clairement la bio, cela veut-il dire qu’il faut (1) travailler sur l’augmentation des rendements de la bio (si c’est possible) ; et (2) orienter la réflexion sur le régime alimentaire (végétal vs. carné) ? Ce dernier point semble présenter des résultats nettement plus consensuels.
Enfin, si les études démontrent un intérêt nutritionnel supérieur du bio (et que celui-ci n’est pas lié à un régime alimentaire plus végétal et varié), existe-t-il des études de sensibilité qui ramènent les impacts à la quantité de nutriments fournis, au lieu de la quantité d’aliments ?
Cela permettrait d’intégrer cette dimension de qualité nutritionnelle – même si dans la pratique, je doute que ce soit pertinent au-delà d’une étude de sensibilité : un consommateur ne va pas ajuster sa quantité de produits consommés en fonction de sa teneur en vitamines, donc l’effet sur la santé devrait probablement plutôt être abordé avec la catégorie d’impact dédiée. Existe-t-il des travaux pour intégrer dans UseTOX les bénéfices associés à une alimentation plus saine ? (ex. en CTUh évités).
Merci encore pour l’article
Merci pour votre commentaire qui soulève beaucoup de questions importantes.
Sur la question de la « qualité » de la biodiversité générée par le land sharing et le land sparing, je ne crois pas qu’il y ait d’étude précise. A priori, on peut tout de même supposer que c’est plutôt la variété des espaces intercalaires entre cultures qui est déterminante pour la richesse spécifique à l’échelle du paysage, plutôt que le fait que l’on soit en land sharing ou land sparing. Cette hypothèse est corroborée par le fait que, dans les comparaisons intra-parcelles entre bio et conventionnel, le gain de biodiversité dans le bio est plus marqué sur l’abondance (de l’ordre de 50%) que sur la richesse spécifique (+30% environ).
Pour votre question sur les rendements :
– il est vrai qu’augmenter les rendements du bio grâce aux services écosytémiques pourrait réduire le handicap du bio quand on l’évalue à quantité produite égale. C’était d’ailleurs le vrai sens de l’article de C. Huyghe cité par l’ITAB. Mais pour l’instant rien ne prouve que ces services écosystémiques puisse réellement faire basculer la situation européenne en faveur du land sharing, contrairement à ce que laisse croire l’ITAB.
Sur le rééquilibrage entre régime végétal et carné, c’est bien sûr le levier majeur sur lequel il faut s’appuyer (sans en attendre de miracle). Mais cette question est à l’amont de celle du choix entre land sharing et land sparing. Réorienter notre régime alimentaire vers le végétal ferait baisser notre demande alimentaire globale. Mais pour satisfaire cette demande plus faible, il n’en restera pas moins vrai que, dans l’état actuel des techniques, c’est le land sparing qui permettra d’atteindre cet objectif avec le moins d’impact sur la biodiversité.
Quant à la qualité nutritionnelle supérieure du bio, j’attends franchement des éléments objectifs pour la démontrer.
Bonjour. Le ton de cet article est détestable, le titre est polémiste et faux (l’ITAB ne censure personne mais déploie des arguments étayés pour demander que l’outil soit retiré du domaine public en attendant de donner des résultats plus cohérents et fiables), l’accusation de complotisme est tout simplement scandaleuse. Où est l’objectivité scientifique ?
Vous reprochez à l’ITAB de défendre le land sharing (également défendu par d’autres acteurs et scientifiques, y compris au niveau international) alors que vous même prenez parti de manière radicale et critiquable pour le land sparing. Bien entendu qu’une généralisation de l’agroécologie au sens fort du terme devrait être accompagnée d’une modification de l’alimentation et d’une réduction du gaspillage alimentaire. Cela est dit et répété depuis longtemps (cf par exemple les prospectives Agrimonde, Afterres2050, Tyfa).
Bonjour,
Je reconnais volontiers que le titre et le ton général de mon article sont provocateurs, mais ils ne font que reprendre la tonalité de beaucoup d’articles de presse visant l’agriculture conventionnelle. Je comprends que cela vous choque, j’espère que vous éprouvez la même indignation quand vous lisez des articles dénigrant sur le même ton l’agriculture raisonnée ou la certification HVE. Et je vous rappelle quand même que ce communiqué ITAB accuse l’ADEME et l’INRAE de parti-pris en faveur de l’agriculture intensive.
Pour vos remarques sur le fond :
– je ne reproche pas à l’ITAB de prendre parti pour le land sharing. Je lui reproche de donner une image fausse du débat land sharing/land sparing. Le texte de l’ITAB, et l’illustration qui l’accompagne, donne aux non-spécialistes l’impression que le land sparing entraine la destruction des espaces naturels, ce qui est un contresens absolu. Il favorise aussi l’amalgame entre élevage herbager et élevage extensif, ce qui revient à l’annexer au land sharing. Or la prairie permanente, comme tout autre culture, peut être gérée en bio, mais aussi optimisée par une intensification raisonnée, pour réduire son emprise sur les espaces naturels. Elle peut donc tout aussi bien redéveloppée (ce qui est à l’évidence nécessaire) en land sharing comme en land sparing.
– je ne prends pas le parti du land sparing de manière si radicale que vous le dites : je rappelle simplement que les principales méta-analyses sur ce sujet sont plutôt en faveur du land sparing (une fois encore, je le rappelle, dans le contexte européen). Mais la conclusion de mon 2ème article cité par l’ITAB est tout de même « La vraie leçon du modèle de Green : arrêtons d’opposer les modèles agricoles ». Pour éviter ces oppositions stériles, encore faut-il que tous les acteurs du monde agricole acceptent une évaluation basée sur les mêmes critères scientifiques et objectifs, qui n’a de sens au niveau global que si elle est rapportée aux quantités produites. Un calcul des impacts environnementaux rapporté à la surface cultivée n’a d’intérêt que pour la gestion des nuisances locales (minimisation des pollutions diffuses), au risque de masquer des externalités négatives par transfert à l’étranger de l’empreinte agricole française ou européenne. Or l’ACV a bien pour but une vision globale des impacts environnementaux des activités humaines, et pas seulement de leurs nuisances locales.
– C’est pour cette raison que je maintiens le qualificatif de complotiste : il est scandaleux que l’ITAB laisse croire que calculer les impacts à l’échelle du kg produit démontrerait un choix a priori en faveur du land sparing, et biaiserait les résultats en faveur de l’agriculture intensive. Calculer les impacts environnementaux agricoles rapportés au kg de produit (et donc à la consommation de chaque citoyen) est une nécessité environnementale, pas un choix idéologique. Et si cela donne des résultats médiocres pour le bio, aussi bien pour les émissions de GES (d’après les ACV) ou pour la biodiversité (d’après les modèles de land sharing/sparing), c’est au bio de se remettre en question, pas à l’ADEME…
… Enfin, vous citez à juste titre les prospectives Agrimonde, Afterres2050 et Tyfa. Ces trois études ont le grand mérite de prendre le problème dans le bon sens :
– commencer par fixer des objectifs d’évolution de notre régime alimentaire,
– en déduire les besoins alimentaires qui en résultent
– et ensuite proposer les systèmes de culture qui peuvent y répondre.
Mais dans cette dernière étape, toutes ces prospectives sont parties du postulat qu’une extensification des cultures est nécessaire, et n’ont proposé que des scenarios allant dans ce sens. Cela nécessite des changements radicaux, à la fois de la consommation des citoyens (certes souhaitables, mais difficiles à imposer), et des systèmes de cultures (avec en particulier des ratios peu réalistes entre production de céréales d’une part, et oléoprotéagineux d’autre part). Pourtant, les ACV et les études sur la biodiversité suggèrent qu’un land sparing basé sur l’agriculture raisonnée permettrait probablement d’atteindre les mêmes objectifs de production, avec des performances GES et biodiversité aussi bonnes, voire légèrement meilleures… et seraient économiquement beaucoup plus faciles à déployer que les scenarios plus radicaux de ces 3 prospectives. Ce qui n’empêcherait nullement d’y ajouter progressivement les apports de l’agroécologie. Avec ce parti-pris en faveur de l’agriculture extensive, on complique inutilement la transition vers une agriculture plus écologique à l’échelle globale, et non seulement locale.
Ces prospectives nous ramènent à l’ambiguïté qu’entretient l’ITAB, et que vous semblez partager, quand vous dites que le land sharing est également défendu par d’autres acteurs et scientifiques, y compris au niveau international. Ce qui est largement défendu (entre autres par les prospectives citées ci-dessus), c’est l’agriculture extensive. Mais les arguments scientifiques qui vont clairement dans ce sens portent sur la limitation des nuisances locales (pollutions diffuses, niveau de biodiversité dans les parcelles). Où sont les résultats montrant que le land sharing serait meilleur que le land sparing sur la biodiversité en Europe ? Comme je le rappelle dans mon article, même l’ITAB n’a pas pu en citer : les références qui semblent aller dans son sens rappellent seulement l’importance de la biodiversité à l’échelle du paysage (ce qui est un truisme, et n’implique aucun argument en faveur du land sharing, sauf si on adhère à la vision faussée du land sparing qu’entretient l’ITAB), ou suggèrent simplement que l’agroécologie POURRAIT améliorer suffisamment le ratio biodiversité/rendement, pour rendre le land sharing favorable à la biodiversité (c’est le sens réel de l’article de C. Huyghe, présenté par l’ITAB comme un avis de la Direction Scientifique INRAE en faveur du land sharing).
Au bout du compte, le débat se résume à deux questions simples :
– faut-il évaluer l’impact environnemental de l’agriculture à l’hectare ou au kg produit ?
– la présentation que l’ITAB fait du land sparing est-elle conforme à la réalité scientifique de ce concept ?
Si votre réponse a ces deux questions est oui, je comprends votre mécontentement, mais j’aimerais connaître vos arguments scientifiques, puisque vous me demandez où est mon objectivité scientifique.
Reste la question subsidiaire : l’ACV doit-elle fournir des indicateurs environnementaux objectifs, pour comparer les modes de production agricoles ? Ou d’indicateurs de conformité aux politiques agricoles et aux attentes des consommateurs, comme le demande l’ITAB ? (https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lacv-analyse-du-cycle-de-vie-indicateur-dimpact-environnemental-ou-concours-de-vertu-ecologiste/ )
Bravo Philippe pour cette série d’articles intéressants, que je me suis permis de partager auprès du ShiftProject, c’est effectivement une question importante qu’il faut savoir traiter de manière dépassionnée !
Merci pour ce partage, à votre disposition pour en discuter avec le ShiftProject !
Bravo Mr Stoop, trés bon article qui ré équilibre la balance en mettant un peu de matière a réfléchir pour tous. On constate bien en lisant certaines réaction que lorsqu’on que l’on met un peu de lumière sur le dogmatisme, certains s’énervent, ce qui est détestable… Je partage votre article avec plaisir.
Merci pour ce partage de l’article.
Pour l’agressivité des commentaires, je reconnais volontiers y avoir ma part de responsabilité : j’ai choisi délibérément un ton offensif, pour que la gravité des enjeux derrière cette démarche de l’ITAB soit claire. L’ADEME et l’INRAE ont publié cette semaine un communiqué commun au ton beaucoup plus conciliant (mais qui n’aborde malheureusement pas la question du land sparing). C’est le ton sur lequel il faudrait pouvoir discuter de ces sujets, mais vu l’outrance des arguments déversés habituellement contre l’agriculture conventionnelle (y compris sous sa forme raisonnée), cela risque malheureusement de donner l’impression que le débat ne porte que sur des points de détail scientifiques, alors qu’il y a des enjeux majeurs d’objectivité d’évaluation des politiques environnementales… et donc de lutte contre le greenwashing !
Bonjour,
Merci pour votre article, de très bonne qualité.
J’avais pris connaissance de la prospective INRAE-CIRAD sur les terres agricoles ( https://www.inrae.fr/actualites/prospective-agrimonde-terra-usage-terres-securite-alimentaire-mondiale-2050 ) mais le résumé qui en fait ainsi que les principaux documents descriptifs ne livrent pas la liste des hypothèses initiales.
En particulier, j’aimerais savoir :
– si la production de biomasse hors alimentaire (bois, fibres naturelles, etc.) et son évolution probable sont prises en compte dans ces scénarios ;
– si les données de base sont alignées avec la projection de la FAO d’une hausse nécessaire de 70% d’ici 2050.
Le savez-vous ?
En vous remerciant
Ce serait bien que la presse et les politiques arrêtent de prendre l’ITAB comme un organisme sérieux. Cet organise fait en effet la promotion de méthode pseudo scientifique comme la cristallisation sensible.
http://itab.asso.fr/downloads/programmes/methodes-globales-web.pdf
http://itab.asso.fr/downloads/actes3/mga2011-actes.pdf
Le deuxième rapport commence par un gloubi-boulga à base de terme de physique quantique à la sauce mémoire de l’eau.
C’est vrai, mais les exemples de publications ITAB que vous citez sont assez anciens. Ces 10 dernières années, l’ITAB était revenu à un discours plus scientifique, espérons que ce dérapage sur l’ACV et le land sparing restera ponctuel, et n’est pas le signe d’une rechute…