Ciara, Inès, Dennis, Jorge, Fabien, Gloria, Hervé… Le nombre de tempêtes hivernales augmenté en nombre par rapport aux années précédentes ?
L’hiver exceptionnellement doux observé sur toute l’Europe – 2,7 °C au-dessus à la normale saisonnière en France en moyenne – s’est accompagné d’une succession de dépressions tempétueuses. Aussi, les experts climatiques ont été amenas à se demander si ces tempêtes deviennent plus fréquentes ou puissantes avec le changement climatique – autrement dit, ces épisodes sont-ils en train de devenir la nouvelle norme pour les hivers européens ? La réponse semble être négative.
Si cette année a été particulièrement perturbée, rien, pour l’heure, ne semble indiquer une tendance durable. « Cette année, nous avons eu une quinzaine de tempêtes depuis l’automne, ça fait beaucoup pour une saison », note Patrick Galois, ingénieur-prévisionniste à Météo France. « Mais beaucoup de ces tempêtes étaient d’intensité faible ou modérée, seuls quelques épisodes ont été d’intensité plus forte, comme à la mi-décembre, mais loin d’attendre le niveau des tempêtes exceptionnelles de décembre 1999 ».
« C’est à cause d’une configuration météorologique venant de l’Atlantique qui génère du vent et de la douceur : le Gulf Stream, un courant océanique où de l’eau chaude venant des Caraïbes remonte vers le nord-ouest de l’Europe, chauffe l’air qui circule sur l’océan Atlantique », explique M. Galois. « Ce vent plus chaud heurte la côte atlantique de l’Europe générant des tempêtes, mais aussi rendant l’hiver plus doux, non seulement en France, mais aussi à l’est, comme en Russie où les températures hibernales ont augmenté d’environ 6 °C par rapport aux températures saisonnières habituelles ».
« Il est difficile de voir une tendance significative ces dernières années : on ne voit peut-être que la variabilité naturelle du climat, il faut au moins plusieurs dizaines d’années d’observations pour tirer des conclusions », nuance Mathieu Vrac, directeur du laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement (CNRS). L’impression contraire vient du fait que le nombre de tempêtes annuelles était ainsi nettement plus faible qui les autres décennies dans les années 2000, avant une reprise ces dernières années. Une fluctuation tout à fait normale.
Entre 1980 et 2018, Météo-France confirme qu’on ne distingue aucune tendance climatique significative. Si la décennie qui vient de s’achever s’est en revanche caractérisée par des précipitations élevées, il pourrait s’agir de la même manière d’une fluctuation normale et non une tendance. « J’ai l’impression qu’une augmentation de précipitations a déjà commencé, avec de plus en plus de pluies fortes » tempère Mathieu Vrac. Mais là aussi, il faudra attendre avant d’être certains.