Deux des principaux chevaux de batailles de écologistes sont le recyclage et la réduction de l’emprunte carbone humaine. Une innovation venue de Lituanie permet de combiner les deux lors de la production d’un nouveau béton écologique.
Une équipe de chercheurs de l’Université de technologie de Kaunas, en Lituanie, a découvert une formule pour produire un nouveau béton propre. Dans un communiqué publié le 31 octobre 2018, l’équipe de Vytautas Bocullo, chercheur en ingénierie civile et en architecture, a annoncé avoir développé ce matériau à partir de résidus industriels, nommément des cendres volantes issues de la combustion des centrales à charbon, des cendres de biocarburant et du laitier de haut fourneau (un silicate d’aluminium notamment utilisé pour la fabrication de porcelaines).
La nouvelle est encourageante, quand on connait le poids écologique de la production de béton traditionnelle mondiale (4 milliards de tonnes chaque année). Ce dernier est en effet produit grâce au ciment Portland, un mélange de calcaire (80%) et d’argile (20%) qui doit être chauffé à une température très élevée (1450 °C) et à ce titre est très gourmand en énergie. Chaque tonne de ciment produite requiert entre 60 et 130 kg de fuel ou équivalent. Aussi, l’industrie du ciment produit à elle un milliard de tonnes de CO2 par an – soit environs 7% du total des émissions mondiales de CO2.
« La teneur en clinker dans un ciment va déterminer sa teneur en carbone » résume Laurent Izoret, directeur délégué produits et applications de l‘association technique de l’industrie des liants hydrauliques. Il s’agissait donc de le remplacer. Aussi, le ciment développé par l’université de Kaunas durcit à température ambiante (20 °C) ce qui ne génère aucune émission de CO2. Il est par ailleurs plus résistant au feu et à l’érosion par des ions chlorures, tout en isolant mieux les armatures en métal, prémunissant la corrosion.
Enfin, sa teinte plus claire limite l’accumulation de chaleur. Il permet aussi de recycler des déchets industriels, et à ce titre remplit un double objectif environnemental. Cette innovation est une amélioration de la formule de la société franco-irlandaise Ecocem utilise déjà le laitier de hauts fourneaux ainsi que les cendres volantes. « La ligne 1 du métro ou le palais du Trocadéro à Paris ont été fabriqués avec du béton contenant au moins 70 % de laitier » souligne la porte-parole du groupe, Katia Nataf.