A la veille de la COP 24 à Katowice, le projet politique polonais de l’énergie à horizon 2040 « Polityki energetycznej Polski » (PEP) a été dévoilé et restera en consultation publique jusqu’au 15 janvier 2019.
Alors que la Pologne a le privilège de disposer de la quasi-totalité de ses ressources énergétiques sur son propre sol, elle prévoit un programme ambitieux destiné à réduire drastiquement la part du charbon pour la ramener à 60% du mix électrique en 2030 et à 30% d’ici 2040, au lieu de 80% actuellement.
Le projet mise sur une augmentation de la consommation électrique, qui devrait passer de 165 TWh en 2018 à 232 TWh en 2040.
Sa présentation met en avant le caractère compétitif de l’énergie nucléaire, dont la compétitivité doit se concrétiser par la mise en service de 6 centrales nucléaires supplémentaires à partir de 2033 à raison d’une nouvelle centrale tous les 2 ans.
Dans une tribune, le ministre de l’énergie, Krzysztof Tchorzzwski avait évoqué l’opportunité pour le pays, qui comporte déjà 300 entités compétentes dans ce domaine, de développer des emplois hautement qualifiés.
Cette programmation de l’énergie mise sur le gaz de façon transitoire, ainsi que sur les énergies renouvelables telles que la géothermie et surtout l’éolien offshore et l’énergie solaire.
La surprise de taille est la décision de faire disparaitre les éoliennes terrestres du paysage polonais à horizon 2040.
Le graphique ci-dessous indique le programme d’évolution de leur puissance installée, commençant par un léger accroissement destiné à soutenir le rôle du gaz avant la mise en service de la première centrale nucléaire. Puis leur rapide suppression jusqu’à leur quasi disparition dès 2040.
PUISSANCE DES CENTRALES EOLIENNES TERRESTRES EN POLOGNE (en MW)
(Source de l’infographie ministère de l’énergie)
Le ministre de l’énergie Krzysztof Tchórzewski a justifié ce choix par la vive opposition de la population polonaise.
Éoliennes et santé publique
Dans un avis d’août 2016, traduit en français par « Le Mont Champot », l’Institut de santé publique polonais (NIZP) réclamait une distance minimum entre éoliennes et habitations de 2 km en considérant « que les parcs éoliens situés trop près des immeubles destinés à l’habitat humain permanent sont susceptibles d’avoir un impact négatif sur le bien être et la santé des personnes vivant à proximité ».
Cet avis mentionne notamment la nécessité d’une distance de précaution entre « 1,5-3,0 km, sur la base du niveau sonore, en prenant en compte la modulation, les basses fréquences et les niveaux d’infrason ».
Lors de sa parution, l’avis faisait référence à l’étude de 487 publications scientifiques sur le sujet, par un lien, cassé depuis : http://www.pzh.gov.pl/wp-content/uploads/2016/03/Stanowisko-NIZP-PZH-Farmy-wiatrowe-Bibliografia.pdf dont un extrait de la première et de la dernière page sont reproduits ci-dessous.
Les scientifiques polonais ne sont d’ailleurs pas en reste sur ce sujet, notamment à travers des études concernant les effets physiologiques de l’exposition aux éoliennes sur des élevages d’oies et une autre sur des porcs , en fonction de la distance entre ces machines et leur lieu d’élevage.
La même année, la Pologne adoptait une loi interdisant la construction d’éoliennes à une distance des habitations inférieure à 10 fois la hauteur des machines.
Des assouplissements à cette loi avaient été consentis cet automne à l’approche de la COP24.
Mais la politique énergétique polonaise à horizon 2040 prévoit donc d’être plus protectrice encore.
Dès l’ouverture de la COP 24, son président, Michal Kurtyka avait imposé un volet de justice sociale en appelant l’ensemble des participants à signer la « Déclaration de Silésie pour une transition juste et solidaire », afin d’éviter que cette transition écologique puisse être le lieu des affaires pour les uns et du fardeau pour les autres.
En proposant la fin des éoliennes terrestres, ce projet de programme rappelle également qu’aucun objectif économique ou politique ne doit prévaloir sur le bien-être et la santé des individus.
a propos de la bibliographise polonaise,
elle a visiblement bien disparu de 2 sites officiels (cause?),
mais
elle est dispo là
https://www.wind-watch.org/docviewer.php?doc=Stanowisko-NIZP-PZH-Farmy-wiatrowe-Bibliografia.pdf
Il serait bon d’analyser les citatiosn pour en voir le niveau
Un autre site dannois publie la biblio
https://www.ft.dk/samling/20151/almdel/mof/bilag/474/1639095.pdf
un article français, qui peut être reprend un communiqué, mais comme je ne suis pas lesujet, je vous laisse vérifier
http://chantonnayeoliennes85110.over-blog.com/2016/08/position-de-l-institut-national-de-la-sante-publique-institut-national-de-l-hygiene-sur-les-parcs-eoliens.html
Je confirme l’authenticité de l’avis de l’Institut de santé publique polonais que j’avais traduit dès sa publication, après avoir eu des échanges courriels avec eux http://lemontchampot.blogspot.com/2016/08/eoliennes-et-sante-publique-en-pologne.html
La bibliographie ne figurait que dans la version polonaise et non l’anglaise.
Ce site a été remanié. La bibliographie, que j’avais téléchargée, est parfaitement représentative des recherches scientifiques récentes sur le sujet.
J’aime surtout la terminologie, que je défends depuis tout le temps: « aucun objectif économique ou politique ne doit pré valoir sur la santé et le bien être des individus ». Qui a le droit d’infliger à la totalité des populations une telle « monstruosité »…en d’autres temps on aurait qualifié cela d’hérésie (et j’emploie le terme dans son acceptation pleine et entière).
En fin un pays qui prend conscience que d’autres techniques sont possibles…mais il fallait y réfléchir et ne pas se laisser « embobiner » par des lobbies financiers. A l’heure des affaires (Fillon, De Rugy, Mélenchon et autres..) il serait bon qu’on y réfléchisse à haut niveau.
la Pologne suit les recommandations finlandaises : la seule prévention contre les vibrations des infrasons émises par toute machine tournante consiste à s’éloigner fortement de la source, et en ce sens les éoliennes seraient admissibles du point de vue sanitaire si ce principe de précaution était appliqué : l’Académie de Médecine proposait une distance de 1500 m et le ministère de la Santé finlandais rendait un rapport dans lequel il préconisait 2km. Les 500 m en France, 1000 m votés par le Sénat, sont largement insuffisants : voir La prévention des risques des infrasons : http://www.officiel-prevention.com/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/lutte-contre-le-bruit/detail_dossier_CHSCT.php?rub=37&ssrub=43&dossid=521